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Sept idées reçues sur la pollution aux particules fines

Le seuil d'alerte à la pollution aux particules est dépassé pour le troisième jour consécutif en Ile-de-France. Un pic qui concerne la plupart des régions françaises.

Article rédigé par Nora Bouazzouni
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
Photo prise depuis le parc de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) le 12 décembre 2013, où l'on distingue la tour Eiffel derrière un nuage de pollution. (THOMAS SAMSON / AFP)

Le seuil d'alerte à la pollution aux particules fines, le niveau le plus élevé, est déclenché, jeudi 13 mars, pour le troisième jour consécutif en Ile-de-France, selon Airparif. Il est valable lorsque les PM10 (particules au diamètre inférieur à 10 microns) atteignent une concentration de 80 microgrammes de particules par mètre cube d'air.

L'Ile-de-France n'est pas la seule concernée. Près d'un tiers des régions françaises sont placées en alerte maximum : une grande partie nord du pays, des départements de l'ouest, quasiment toutes les régions Centre et Rhône-Alpes, comme l'indique le site d'Atmo, la fédération des associations de surveillance de la qualité de l'air. 

Francetv info démêle le vrai du faux à propos de cette pollution atmosphérique omniprésente, qui provoque et aggrave l'asthme, les bronchopathies ou les pharyngites.

1Il y a de plus en plus de particules fines dans l'air

FAUX. Si l'on peut avoir l'impression que notre air est de moins en moins respirable, en France métropolitaine, l'évolution des émissions dans l'air est plutôt encourageante. Entre 1990 et 2011, elles ont presque toutes baissé.

Notamment les particules fines, dont la présence a été réduite de 58%, selon des chiffres fournis à francetv info par le Centre interprofessionnel technique d'études de la pollution atmosphérique (Citepa), mis à jour en avril.

2C'est pire quand il fait chaud

VRAI ET FAUX. La météo influence la pollution, mais pas forcément comme on le croit. L'hiver, les différences de température entre la nuit et le jour provoquent une accumulation d'air froid au niveau du sol, ce qui "freine la dispersion verticale de l'air et des polluants et favorise leur accumulation", explique l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe). D'où un pic de pollution. L'hiver est aussi la période où l'on augmente le chauffage, principal responsable de l'émission de particules fines.

Pour des raisons différentes, l'été est lui aussi propice à cette pollution. L'absence de vent, qui disperse les polluants, et les départs en vacances, où le trafic routier est plus intense, favorisent aussi les pics d'émissions de particules fines, indique Atlantico.

3L'air est bien meilleur à la campagne

FAUX. Prendre un grand bol d'air frais à la campagne fait plus envie que humer celui de Marseille. Mais les particules fines ne s'arrêtent pas au périphérique des grandes villes. Pour en avoir le cœur net, l'Ademe (PDF) a mesuré la pollution, entre mars 2010 et février 2011, dans neuf communes rurales de moins de 7 000 habitants, sans industries polluantes ni grands axes routiers. Elle a ensuite comparé les résultats avec ceux d'un site urbain proche. Conclusion : la situation est "hétérogène" et le niveau moyen de particules observé en zone rurale "peut être similaire à celui mesuré sur un centre urbain". Agnès Hulin, ingénieure d'études à Atmo Poitou-Charentes, qui a collaboré à l'étude, explique : "La pollution aux particules est un phénomène de grande ampleur, amplifié par les sources locales, comme le chauffage au bois en zone rurale, ou le trafic en zone urbaine."

Car la combustion du bois est l'une des principales responsables de l'émission de particules fines. Or, la France est le premier pays consommateur de bois en tant que combustible en Europe, essentiellement grâce au chauffage domestique, surtout dans les régions forestières. Pas surprenant, car les particuliers peuvent bénéficier d'un crédit d'impôts "développement durable", s'ils équipent par exemple leur logement d'un appareil de chauffage au bois.

4La route tue plus que les particules fines

FAUX. Alcool, vitesse, drogue, fatigue… En 2012, 3 645 personnes ont été tuées sur les routes de l'Hexagone. La pollution atmosphérique, et particulièrement les particules fines, provoque et aggrave des pathologies respiratoires. Et selon un rapport du programme Clean Air for Europe, mené par la Commission européenne et publié en 2005, les particules fines réduisent l'espérance de vie et sont responsables de 42 000 morts "prématurées" chaque année en France – près de 8% des décès annuels.

La pollution atmosphérique est même depuis peu reconnue comme "une des premières causes environnementales de décès par cancer" par le Centre international de recherche sur le cancer, écrit l'OMS dans un communiqué publié en octobre (PDF). D'après les chiffres de l'agence, "en 2010, 223 000 décès par cancer du poumon dans le monde entier étaient imputables à la pollution de l'air".

5Piétons et cyclistes sont plus exposés que les automobilistes

FAUX. Une croyance largement répandue, mais démentie par une étude (PDF) menée fin 2012 par le laboratoire d'hygiène de la Ville de Paris à la demande de la société d'entretien automobile Midas. Le constat est sans appel : "Un automobiliste dans sa voiture est (…) trois fois plus exposé aux particules que dans son logement ou dans la rue." Car il est "le plus exposé aux polluants atmosphériques gazeux rejetés par les échappements des véhicules automobiles" autour de lui.

Si vous êtes contraint de prendre le volant, limitez les dégâts en évitant d'ouvrir les fenêtres dans un parking ou un tunnel, surtout lors d'un pic de pollution. Les cyclistes, qui partagent la chaussée avec les automobilistes et pratiquent un exercice physique, sont plus exposés que les piétons, relève l'Ademe. Et inutile de porter un masque ou un foulard : ils ne vous protègent pas de la pollution.

6Il ne faut pas aérer son logement lors d'un pic de pollution

FAUX. Au contraire. Le Haut Conseil de la santé publique (PDF) recommande "de ne pas modifier les pratiques habituelles d'aération et de ventilation" même en cas de pic de pollution. Les particules fines s'insinuent en effet via les conduits de ventilation, mais le tabagisme est aussi une source d'émission.

Selon une brochure (PDF) réalisée par le ministère de la Santé, "on peut ainsi observer, pour certains polluants, une concentration jusqu'à 15 fois plus importante à l'intérieur qu'à l'extérieur". Particulièrement l'hiver, lorsqu'on ouvre moins les fenêtres. Aérez donc votre logement au moins dix minutes par jour, de préférence tôt le matin ou en soirée, et évitez de fumer chez vous.

7C'est la faute des voitures

PAS SEULEMENT. Combustion de bois ou de carburants, labours, chantiers, voitures… Les sources d'émission des particules fines peuvent être naturelles ou découler d'activités humaines. Selon les chiffres du Citepa, le secteur résidentiel/tertiaire était responsable de 45% des émissions totales en France métropolitaine en 2011. Viennent ensuite l'industrie manufacturière (24%), le transport routier (18%), puis l'agriculture et la sylviculture (9%).

Et parmi les sous-secteurs les plus émetteurs, on trouve les voitures diesel équipées d'un pot catalytique (8,4%), qui vise à réduire la nocivité des gaz d'échappement. Moins cher que l'essence (mais moins rentable), le diesel représente, d'après les chiffres de l'Union française des industries pétrolières, 80,1% des carburants consommés en France en 2012. Il émet moins de CO2 mais davantage de dioxyde d'azote que l'essence, responsable de seulement 0,9% des particules fines émises par le secteur du transport routier. Pourtant, les Français préfèrent les voitures diesel, classées comme "cancérogènes certains" par l'OMS. Et leurs acquéreurs continuent à être récompensés grâce au système de bonus-malus.

Toutefois, l'essence risque de ne pas faire longtemps figure de bonne élève. Les nouveaux moteurs à injection directe émettent dix fois plus de particules fines que les moteurs diesel actuels, accuse la fédération d'associations Transport & Environment, citée par Les Echos. Car les constructeurs refuseraient "de leur adjoindre un filtre ad hoc". Un comble, puisqu'ils sont amenés à se généraliser "pour répondre aux nouvelles normes antipollution Euro 6".

La seule solution reste de rouler au GPL, un carburant propre qui n'émet aucune particule et rejette légèrement moins de CO2 que le diesel. Pourtant, note Le Figaro, les ventes de véhicules GPL sont passées de 75 000 immatriculations en 2010 à moins de 12 000 en 2011.

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