Quand le déclin des grands prédateurs menace... l'Homme
L'homme menacé par la disparition de ceux qu'il menace ? Dans la série des mises en abîme, l'étude publiée dans le journal “Science”, réalisée des scientifiques de 22 institutions situées dans six pays, fait figure de cas d'école. Elle se penche sur la sixième extinction de masse des espèces vivantes que vit la Terre. Et cette extinction a ceci de particulier par rapport aux cinq autres, qu'elle est uniquement due à l'activité humaine.
L'exploitation des terrains, la pollution, la chasse, la pêche, le braconnage, autant de facteurs qui sont à l'origine de ce phénomène. Autre particularité de cette extinction, elle se concentre essentiellement sur les grands prédateurs, qui occupent le haut de la chaîne alimentaire.
Pourquoi ? Parce qu'ils sont nos concurrents les plus proches : “la perte de prédateurs en haut de la chaîne reflète sans doute le plus l'influence grandissante de l'espèce humaine sur la nature”, peut-on lire.
Mais cette disparition annoncée n'est pas à notre profit : “ces prédateurs et ces écosystèmes préservent au bout du compte les humains. Il ne s'agit pas simplement d'eux, mais aussi de nous”, pointe William Ripple, professeur de sylviculture à l'Université d'Etat de l'Oregon et co-auteur d'une étude.
L'étude détaille des exemples précis : la baisse du nombre de pumas dans l'Etat de l'Utah aux USA conduit à une explosion du nombre de cervidés, qui mangent les plantes et la diminution de la végétation entraîne la dégradation du cours des petites rivières, donc une pollution. Il y a aussi des effets indirects qui font bifurquer la chaîne alimentaire : la chasse à la baleine pousse les orques, leurs prédateurs, à se reporter sur les phoques et autres loutres, qui se retrouvent menacés aussi. Un jeu de domino aux règles assez particulières, puisqu'un jour, en toute fin de course, le joueur risque, lui aussi, de tomber.
Grégoire Lecalot, avec agences
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