Vidéo Glyphosate : quand un scientifique signe un article écrit à 85% par Monsanto
Des scientifiques auraient œuvré en coulisse pour défendre l'innocuité du Roundup, un herbicide qui contient du glyphosate commercialisé par la multinationale Monsanto. La firme américaine aurait convaincu des chercheurs de signer des études qu'elle aurait elle-même en grande partie rédigées. Extrait de "La Spéciale d'Envoyé" consacrée au glyphosate.
En août 2018, au cours d'un procès historique, Monsanto a été condamnée à une amende record. Combien de scientifiques auraient œuvré en coulisse pour la multinationale américaine qui commercialise le Roundup, un herbicide composé essentiellement de glyphosate ? La firme aurait convaincu d'éminents chercheurs de jouer pour elle les "ghostwriters", ou écrivains fantômes, et de signer des études qu'elle aurait elle-même en partie rédigées. C'est ce que montrent les "Monsanto Papers". Extrait de "Monsanto, la fabrique du doute", un reportage à voir le 17 janvier 2019 dans "La Spéciale d'Envoyé : glyphosate, comment s'en sortir ?"
Au club des honorables scientifiques ayant "prêté leur nom" à Monsanto, le professeur Henry Miller, un célèbre biologiste américain, chercheur à Stanford. En 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), décide de classer le glyphosate comme cancérogène probable.
Le 12 mars de cette même année, un employé de Monsanto, Eric Sachs, organise la contre-attaque. Voici le mail qu'il adresse au biologiste : "Henry, cela vous dirait d'écrire sur le CIRC, ses méthodes et sa décision controversée ? J'ai des éléments, et je peux vous les donner, si besoin." Celui-ci n'a rien contre, à condition de partir d'un "brouillon de haute qualité". Lequel lui est aussitôt fourni, "pas tout à fait fini, mais un bon début pour votre plume magique", selon les termes de Sachs.
Combien Henry Miller a-t-il touché ?
Le 23 mars, le très influent magazine américain Forbes publie en ligne l'article signé par Henry Miller (il a été depuis supprimé), une retranscription presque mot pour mot du brouillon de Monsanto. Le style, les formules, et même le titre... copiés-collés. Selon les calculs du journaliste Tristan Waleckx, 85% du texte a été rédigé par Monsanto. Les 15% de Miller consistent en quelques corrections grammaticales et l'ajout d'une virgule.
Combien le biologiste a-t-il gagné pour cet article "ghostwrité" ? Tristan Waleckx a fait le voyage jusqu'à sa banlieue chic de San Francisco... mais le professeur à la plume magique n'a "rien à dire". Comme Henry Miller, une dizaine de scientifiques suspectés de "ghostwriting" ont refusé de le rencontrer.
Extrait de "Monsanto, la fabrique du doute", un reportage à voir le 17 janvier 2019 dans "La Spéciale d'Envoyé : Glyphosate, comment s'en sortir ?".
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