: Vidéo Avant d'être interdit au Sri Lanka, le glyphosate a ruiné la vie de cette famille
Le 17 janvier 2019 dans "Envoyé spécial", voyage au pays sans glyphosate : le Sri Lanka. Si les autorités ont fini par bannir cet herbicide, c'est qu'il est soupçonné d'être responsable des maladies rénales qui touchent les riziculteurs, mais aussi leurs enfants. Voici le témoignage d'une famille, extrait de "La Spéciale d'Envoyé".
Cette famille de cultivateurs qui vit dans le nord du Sri Lanka pense que le glyphosate a ruiné leur vie. Upali Sarath et Yasomanike, dont les bras portent les traces de sa dialyse de la veille, sont aujourd'hui trop malades pour cultiver leur rizière. A 55 ans, ils n'ont plus de revenus, à part les 75 euros mensuels versés par l'Etat, qui suffisent juste à payer leurs frais médicaux.
Leur fils, Sajith Pun, a été diagnostiqué à 18 ans au stade terminal de la maladie rénale qui touche de nombreux riziculteurs. Pourtant, lui n'a jamais travaillé dans les rizières. Mais avant l'interdiction du pesticide en 2015, des millions de litres auraient empoisonné les sols, jusqu'aux puits des habitants.
"On sentait le glyphosate jusque dans la maison"
La famille habite tout près des rizières, à une vingtaine de mètres. Le couple se souvient qu'"on sentait le glyphosate jusque dans la maison. C'était très fort". "On n'était pas les seuls à en mettre, ajoute le mari. Il y a plein de rizières tout autour. Même de loin, le vent apportait l'odeur."
"C'était insupportable. On savait très bien que ça venait des produits chimiques. Mais qu'est-ce qu'on pouvait faire ?" Yasomanike se méfiait de l'odeur, mais pas de l'eau que sa famille buvait. Aujourd'hui, elle va chercher au village des bidons d'eau filtrés par une ONG, mais à l'époque, elle la prenait à leur puits, juste à côté des champs.
Le puits se trouvait juste à côté des champs
"Un jour, témoigne Sajith Pun, qui n'avait jusque-là aucun symptôme, j'ai perdu connaissance. J'ai été emmené à l'hôpital le matin, et l'après-midi même, on m'a fait ma première dialyse. J'ai beaucoup pleuré ce jour-là", confie-t-il en montrant son bras déformé par les piqûres des dialyses. Le jeune homme sait qu'il a de la chance d'avoir reçu un nouveau rein : les greffes sont très rares au Sri Lanka. "Sans mon donneur, je serais mort, dit-il. Ces années ont été très dures. J'aurais bien voulu avoir une vie normale, ne pas être enfermé dans la maison. J'aurais aimé pouvoir travailler."
Extrait de "Sri Lanka, le pays sans glyphosate", un reportage diffusé le 17 janvier 2019 dans "La Spéciale d'Envoyé : Glyphosate, comment s'en sortir ?".
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