Fichage pour Monsanto : Ségolène Royal appelle à "profiter de cette révélation pour nettoyer le système de lobbying parfaitement nocif"
L'ancienne ministre de l'Environnement a réagi aux révélations de France 2 et du journal "Le Monde" sur le système de fichage mené par des agences de communication pour Monsanto, autour du dossier du glyphosate.
L'ancienne ministre de l'Environnement Ségolène Royal, dont le nom apparaît sur un fichier secret réalisé par des agences de communication pour le chimiste Monsanto, appelle, vendredi 10 mai sur franceinfo, à "profiter" de la révélation de cette liste, jeudi, par France 2 et Le Monde, pour "nettoyer ce système de lobbying qui est parfaitement nocif."
"Ça en dit long sur les méthodes des lobbyistes : ils font de l'espionnage, de l'infiltration, de l'influence parfois financière j'imagine, et par conséquent, l'intérêt de la mise à jour de ce mécanisme est aussi de montrer et de pouvoir combattre les méthodes des lobbies parfaitement nocifs", affirme Ségolène Royal, qui était ministre au moment où a été réalisé ce fichage, en 2016
Vers une plainte collective ?
"Je voyais bien que c'était très difficile (…), ce combat de 2016 contre Monsanto, je me suis retrouvée un peu seule. D'ailleurs je suis classée dans ces fichiers illégaux comme 'à marginaliser', c’est-à-dire 'à éliminer'. Avec une note 'zéro' : zéro influençable, zéro corruptible,…", ajoute l'ancienne ministre, revenant sur sa bataille contre l'entreprise d'agrochimie auprès de l'Europe.
Ségolène Royal dit ne pas "encore" savoir si elle va porter plainte, et attendre de voir si une éventuelle plainte collective est envisagée. Elle aimerait également que les pouvoirs publics donnent suite à ces révélations : "Je pense que c'est aux autorités de s'en saisir, aux autorités administratives et judiciaires qui peuvent parfaitement se saisir de ce cas. Comme de nombreuses personnes sont citées, je pense que ce serait mieux qu'il y ait une démarche institutionnelle et, du coup, des investigations sur les autres lobbies, parce que Monsanto ne doit pas être le seul à se comporter de cette façon-là : au lieu uniquement de se plaindre et se scandaliser, il faut profiter de cette révélation, du travail remarquable de France 2, pour nettoyer ce système de lobbying qui est parfaitement nocif."
Fichés selon leur opinion sur le glyphosate
L’œil du 20h de France 2 et le journal Le Monde ont révélé, jeudi 9 mai, que des centaines de scientifiques, journalistes et responsables politiques, dont l'ancienne ministre de l'Environnement, ont été secrètement fichés en 2016 par des agences de communication qui travaillent pour l’entreprise américaine Monsanto, dont le produit phare et largement décrié est le glyphosate, herbicide classé "cancérigène probable" par l'OMS. Ces documents mettent en évidence les opinions de ces personnalités sur les pesticides. Les fichiers dévoilent également les stratégies de lobbying des agences de communication travaillant pour Monsanto, pour influencer des leaders d’opinion dans le débat public.
D’après la loi, un citoyen fiché doit en être informé. Ce type de document est alors illégal, l’auteur est passible de cinq ans de prison et de 300.000 euros d’amende.
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