Pêcheurs et cétacés en concurrence en mers australes
Cette campagne, baptisée “Orcasav”, va permettre de tester de nouveaux types de casiers pour remplacer les palangres, ces longues lignes de pêche hérissées d'hameçons, pour attraper la légine australe.
_ Trois cents nasses différentes (rectangulaires, cylindriques, rigides, pliables...) vont être utilisées.
Elles ont été embarquées à bord de “l’Austral Leader”, le navire de l’expédition.
“Si ça marche, nous répondrons à la fois à un problème économique et à un problème écologique”, note le préfet des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), Rollon Mouchel-Blaisot, administrateur de ces îlots du bout du monde.
La légine, un poisson sous surveillance
La France possède le premier quota au monde de légine australe (6.100 tonnes sur les 18.000 tonnes légales mondiales).
La « Dissostichus eleginoides » vit dans les eaux profondes.
Elle peut vivre 40 ans.
Un poisson, de près de 2 mètre de long, qui est très surveillé par la Marine Nationale. Les militaires traquent la pêche illégale, au large mais aussi par satellite.
La légine, riche en oméga 3 est très prisée sur les marchés nord-américains et asiatiques.
Ce poisson constitue la 2ème pêche française après le thon, selon le préfet Mouchel-Blaisot.
Depuis l'instauration de la pêche à la palangre en 2003 dans la zone, en remplacement de chalutiers trop prédateurs pour les juvéniles, les orques mais aussi les cachalots ont pris l'habitude désastreuse de se servir directement aux lignes en ne laissant des poissons que la tête.
“Entre 2003 et 2008, 1.200 t de légines ont fini à la table des orques et des cachalots”, souligne le Pr Guy Duhamel du Museum d'Histoire naturelle (MNHN), conseiller scientifique des TAAF. “Sur 4.062 lignes posées à Crozet, seules 32 % sont remontées intactes”.
“ Le cachalot, est un prédateur traditionnel de la légine qu'il pêche jusqu'à 1.500 m de profondeur. L'orque en revanche est un réel opportuniste qui vient se servir sur les lignes dans les eaux de surface” explique le professeur Guy Duhamel .
“On ne sait pas du tout comment ils vont se comporter. Retourner chasser ou se mettre à suivre les bateaux des Kerguelen voisines”, où ils sont encore rares, avoue Marie-Louise Cariou, de l'Institut Ecologie et Environnement du CNRS, qui craint aussi que les crabes fondent sur les nasses de légines.
_ C'est l'ensemble de ces réactions que scientifiques du CNRS, du Museum et de l'Ifremer, alliés aux pêcheurs et à l'administration des TAAF, espèrent comprendre avec cette expérience.
_ Pour l’instant, les scientifiques sont satisfaits.
Le dernier relevé réalisé il y a une semaine faisait état de 874 kilos de prises. “On est en moyenne à 2 tonnes par jour à la palangre: c'est donc très encourageant”.
Mikaël Roparz
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