Normes, seuils de toxicité, dépollution… 18 recommandations pour limiter les polluants éternels dans notre environnement

Commandé par Élisabeth Borne et dirigé par un député Modem, ce rapport gouvernemental liste des propositions sur les PFAS a été remis mercredi à l'Assemblée nationale.
Article rédigé par franceinfo - Guillaume Farriol
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le site industriel de Salindres (Gard) abrite plusieurs entreprises. (MAXPPP)

Ils sont utilisés pour fabriquer nos vêtements, nos ustensiles de cuisines, les emballages alimentaires, les batteries ou dans le domaine de la santé. Mais les PFAS, surnommés polluants éternels, inquiètent de plus en plus. Un rapport gouvernemental pour lutter contre cette large famille de molécules, commandé par l'ancienne Première ministre, Élisabeth Borne, et mis sur pied par un député Modem, a été rendu public mercredi 7 février.

Pour réduire la présence de ces PFAS dans notre environnement, le rapport indique qu'il y a beaucoup à faire, à commencer par l'instauration de normes pertinentes. Les seuils de toxicité sont aujourd'hui arbitraires, très difficiles à établir, explique Cyrille Issac-Sibille, député Modem du Rhône et auteur du rapport : "Lorsque vous ingurgitez des PFAS, vous les gardez des années dans le corps. C'est très difficile de savoir à partir de quelle dose et pendant combien de temps les PFAS auraient une toxicité. Au niveau des aliments, on considère qu'il ne faudrait pas absorber plus de 4,4 nanogrammes par kilo d'aliment par semaine."

Cinq sites français dans le viseur du rapport

Le travail pour déterminer ces normes doit se faire au niveau européen, selon le député. Il insiste, expliquant que le problème dépasse nos frontières : 120 000 à 400 000 tonnes de PFAS sont produites, chaque année, en Europe par de nombreux sites, dont cinq sont en France.

Des sites dans le viseur de ce rapport parlementaire, qui propose de stopper tous les rejets de PFAS. C'est faisable, c'est même déjà fait depuis 2022 pour une usine Arkema près de Lyon : "L'usine, suite à un arrêté préfectoral, a stoppé ses rejets grâce à des charbons actifs. Ça s'est fait parce qu'il y avait une volonté politique. Rapidement, je pense qu'on peut couper le robinet des pollutions aux PFAS."

Un arrêté ministériel suffirait, explique Cyrille Isaac-Sibille. Autre pilier de son rapport : la dépollution. Les PFAS par définition sont très résistants et c'est d'ailleurs pour ça qu'ils sont si utilisés. Ils persistent des dizaines, voire des centaines d'années dans la nature. Charge aux industriels de participer financièrement à cette dépollution.

Limiter les usages des PFAS

Enfin le député demande de limiter les usages des PFAS. Les éliminer des emballages alimentaires, de certains textiles ou du fart pour les skis. Mais, à ce jour, impossible de se débarrasser de tous les PFAS. Ils restent indispensables : "Certains médicaments sont des PFAS, les tubulures médicales contiennent des PFAS pour éviter que les bactéries ne s'accrochent. Ça a permis beaucoup de progrès."

Au total, ce rapport fait 18 recommandations remises au ministre de la Transition écologique. Interrogé mercredi après-midi à l'Assemblée sur la question des PFAS dans les emballages alimentaires, Christophe Béchu l'assure : la France soutient une réglementation européenne.

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