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Sainte-Soline : "Nous avons les éléments qui tendent à prouver qu'il y a eu non-assistance à personne en danger", affirme le président de la Ligue des droits de l'homme

Le président de la Ligue des droits de l'homme estime que les "enregistrements produits par la LDH démontrent" que la "zone était parfaitement accessible" aux secours, alors qu'un manifestant est entre la vie et la mort.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des affrontements entre forces de l'ordre et manifestants ont eu lieu autour du projet de méga-bassine de Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, lors de la manifestation du 25 mars 2023. (PAULINE PAUGET / HANS LUCAS)

"Les enregistrements tendent à démontrer qu'il y a eu entrave à l'accès des services de secours", samedi, à Sainte-Soline, affirme Patrick Baudouin, président de la Ligue des droits de l’homme, mercredi 29 mars sur franceinfo. Dans une conversation téléphonique enregistrée par la LDH entre un médecin, une avocate de l'association et un opérateur du Samu, ce dernier affirme avoir reçu l'ordre, des forces de l'ordre, de ne pas intervenir pour porter secours aux manifestants blessés.

>> DOCUMENT FRANCEINFO. Sainte-Soline : dans un enregistrement, un opérateur du Samu dit avoir reçu "l'ordre de ne pas envoyer" de secours

De son côté, la préfète des Deux-Sèvres, Emmanuelle Dubée, assure que si c'est arrivé c'est parce que "les conditions de sécurité n'étaient pas réunies". "La zone était complètement sûre", répète pourtant Patrick Baudouin. "Alors pourquoi le commandement donne-t-il cette directive ?", s'interroge-t-il. "Nous avons les éléments qui tendent à prouver qu'il y a eu non-assistance à personne en danger."


franceinfo : La préfecture assure que si les forces de l'ordre n'ont pas autorisé l'accès au Samu, c'est parce que les conditions de sécurité n'étaient pas réunies. Qu'en pensez vous ?

Patrick Baudouin : Je suis très perplexe sur les déclarations émanant de la préfecture. Ce qui résulte des enregistrements et de la situation réelle sur le terrain, c'est qu'il s'agissait d'une zone qui était complètement sûre depuis un certain temps, parfaitement accessible, sans aucun risque pour les services de secours et aucune difficulté d'accès. Les enregistrements que nous avons produits le démontrent. Les observateurs de la LDH le disent.

"Il y avait une possibilité d'accès et elle n'a pas été utilisée, alors qu'il y avait un blessé en état d'urgence absolue."

Patrick Baudouin, président de la Ligue des Droits de l'Homme

à franceinfo

On leur opposait un ordre du commandement de ne pas permettre au Samu ou aux pompiers d'accéder à cette zone. 

Pourquoi avoir publié ces enregistrements ?

Dans un premier temps, on nous a laissé entendre que c'était tout à fait à tort que nous soulevions ce point de non-assistance à personne en danger, que la zone n'était pas sécurisée. C'est pourquoi nous avons sortis les enregistrements. Nous n'avions pas l'intention de les sortir aussi vite, nous souhaitions prendre le temps de faire un rapport plus complet, nous l'avons fait parce qu'on remettait en cause les déclarations, les constatations faites par la LDH et ses observateurs.

Il y a non-assistance en personne en danger, selon vous ?

Je reste prudent mais nous avons les éléments qui tendent à prouver qu'il y a cette non-assistance à personne en danger. L'avocate de cette personne qui est entre la vie et la mort a déposé une plainte donc il va y avoir une saisine du parquet, un juge d'instruction, une enquête qui permettra de déterminer plus complètement les causes. Mais les enregistrements sont très révélateurs. Ils tentent à démontrer qu'il y a eu une entrave à l'accès des services de secours pour ces personnes qui étaient en danger de mort.
 
Une entrave délibérée ?

On comprend que c'est le commandement qui estime que ce n'est pas possible d'accéder tout de suite. À partir de là, nous disons, "la zone était sûre", pourquoi le commandement donne-t-il cette directive ? La qualification pénale éventuelle sera reçue ou pas. 

Qu'attendez-vous de l'État ?

Je ne suis pas en train de dire que c'était facile, mais il y a eu un usage tout à fait disproportionné. Il y a eu 4 000 grenades lancées sur les manifestants, des grenades dont on sait qu'elles sont très dangereuses.

"J'attends de l'Etat qu'il ne soit pas toujours dans le déni, dans la dénégation et qu'il y ait une analyse plus complète du comportement des forces de l'ordre."

Patrick Baudouin, président de la Ligue des Droits de l'Homme

à franceinfo

Ce que disent les observateurs de la Ligue des droits de l'homme c'est qu'on a voulu empêcher l'accès à tout prix aux méga-bassines, c'est ce qui a été constaté et ressenti, quel qu'en soit le coût humain. J'aimerais qu'on prenne en compte ce coût humain, des deux côtés d'ailleurs. Il ne s'agit pas de négliger le fait que les forces de l'ordre ont été elles-mêmes victimes d'actes très violents inadmissibles. Il appartient à l'État d'assurer le droit de manifester et d'assurer la sécurité des manifestants, dont la quasi-totalité était pacifique.

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