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Les écosystèmes marins européens souffrent toujours de la surpêche

Une étude publiée par une revue scientifique montre que beaucoup de stocks, comme celui de la sole du golfe de Gascogne, ne parviennent pas à se reconstituer. Et ce malgré les quotas instaurés par l'Union européenne.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des "marins-surimistes" du chalutier-industriel français "Joseph Roty II" travaillent, en janvier 2004, en mer d'Ecosse. (MARCEL MOCHET / AFP)

Une décennie d'efforts pour réduire la surpêche n'a toujours pas réussi à réparer des décennies d'exploitation tous azimuts : les écosystèmes marins européens restent "gravement perturbés", selon l'étude publiée dans la revue scientifique Fish and Fisheries du mois d'août. Beaucoup de stocks, comme ceux de la sole du golfe de Gascogne, ne parviennent pas à se reconstituer. 

"Au cours des douze dernières années, la pression de pêche a été divisée par deux" dans l'Union européenne, avec des quotas de plus en plus restrictifs, mais "les résultats espérés ne sont pas tous au rendez-vous", expliquent les auteurs de l'étude. "Globalement, les populations [de poissons] n'augmentent guère, et surtout, la structure des écosystèmes reste perturbée avec des indices de productivité et de diversité qui n'enregistrent aucune amélioration significative", ajoutent les chercheurs.  

L'étude s'est penchée sur les sept grands écosystèmes européens, de la mer Baltique à la côte ibérique en passant par la mer du Nord et le golfe de Gascogne. Pour le chercheur en charge de coordonner l'étude, Didier Gascuel, directeur du Pôle halieutique d'agrocampus Ouest (situé à Rennes) l'explication de ce faible impact de la baisse de la pression de la pêche sur les stocks est "assez inquiétante".

La dégradation des habitats côtiers aussi en cause

La "très forte surexploitation" des stocks européens a entraîné "une quasi-disparition des grands géniteurs les plus féconds". Résultat : "Le nombre de jeunes poissons issus chaque année de la reproduction des différents stocks a été divisé en moyenne par deux depuis vingt ans." Mais d'autres facteurs sont à prendre en compte selon lui : l'impact du changement climatique sur une possible baisse de la productivité de la chaîne alimentaire, et la dégradation des habitats côtiers essentiels dans le cycle de vie de certaines espèces.

Croissante à partir de la fin de la deuxième guerre mondiale, la pression exercée par la pêche n'a cessé d'augmenter jusqu'à la fin des années 1990, avec les premiers signes de surexploitation dès les années 1950 (sur le hareng, la sole et la plie en mer du Nord par exemple). Globalement, la quantité de poissons pêchés dans les eaux européennes et débarqués a été divisée par deux en trente ans, et équivaut aujourd'hui aux niveaux de la fin des années 1950.

Si globalement les efforts pour réduire la pression exercée par la pêche (notamment via des quotas) n'ont toujours pas payé, les résultats sont cependant assez contrastés, selon les espèces examinées. Certains stocks ont ainsi montré des "signes assez spectaculaires de reconstitution". Notamment le merlu, dont la biomasse a été multipliée par trois en dix ans. Mais "d'autres espèces restent au plus bas", comme la sole du golfe de Gascogne ou la morue de mer du Nord. Plus de 80% des prises de poissons dans les eaux européennes l'ont été par des flottes de l'Union européenne.

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