Le groupe a assuré mercredi lors du procès en appel ne pas avoir été informé de fuites de pétrole la veille du naufrage
Alain-Marc Irissou, le représentant de Total SA, l'a affirmé le 13 octobre: "personne chez Total n'a entendu parler de fuites à la mer".
As-t-il convaincu ? A voir. Toujours est-il que le président de la chambre 4-11, Joseph Valantin, s'est étonné de l'apparente "fébrilité" du commandant du navire et de l'un des responsables du groupe à Londres.
Les événements remontent au samedi 11 décembre 1999 en début de soirée. Le commandant du navire a averti l'un des responsables Londres, Eric Calonne, des difficultés de l'Erika, pris dans une forte tempête dans le Golfe de Gascogne. Il lui laisse un message sur son portable que M. Calonne trouve vers 20h00. Entre-temps, un agent maritime a également informé un autre responsable de Total, Dirk Martens.
"La première information que nous ayons eue", transmise à M. Martens, "dit que le bateau va faire escale à Donges, port de refuge", a expliqué devant le Tribunal Roberto Giovannone, représentant de la filiale londonienne d'affrètement Total Transport Corporation (TTC). "Le message laissé sur le portable de M. Calonne ne parle pas de Donges. Il parle de gîte, de transfert de produit d'une citerne à une autre" pour corriger l'inclinaison, "de changement de cap", a-t-il ajouté.
Il y a là une "incohérence" qui explique selon lui les nombreux coups de fils entre les deux responsables de Total, les demandes répétées d'explications adressées au commandant du navire et leurs décisions d'envoyer à Donges un ingénieur, Jean-Alix Granpierre, pour attendre l'arrivée du bateau, le commandant ayant signalé des fissures sur le pont.
"Pourquoi cette volonté de savoir en urgence, si Total n'avait aucune possibilité d'influer sur les événements?", a alors demandé M. Valantin.
"Les informations que nous avons reçues n'ont jamais été considérées comme suffisamment inquiétantes pour que nous armions notre cellule de crise", a assuré M. Irissou. Selon lui, le groupe cherchait juste à savoir quand il pourrait effectivement livrer sa cargaison en Italie, à son client Enel.
"Si, à la fin de la journée du 11 décembre, vous aviez su qu'il y avait des fuites à la mer, qu'auriez-vous fait?", lui a demandé l'avocate générale, Françoise Mothes. "Il est 9 heures du soir, en décembre, dans la nuit noire, le bateau se bat dans une tempête de force 10. Est-ce que ça aurait changé le cours du destin, je n'en sais rien", a répondu M. Irissou.
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