Le bruit sous-marin, responsable de l'échouage massif des cétacés ?
Cette semaine, c'est plus d'une quarantaine de dauphins qui ont été retrouvés échoués sur des plages du sud-ouest. Selon les chercheurs, la plupart auraient été pris au piège dans des filets de pêche, mais d'autres facteurs peuvent jouer dans ces échouages massifs comme les bruits sous-marins qui peuvent désorienter les cétacés.
La baleine à bosse par exemple, comme 80 espèces marines, utilise les sons pour communiquer avec ses congénères. Les bruits sous-marins provoqués par nos activités en mer perturbent leur système de communication au point de les pousser parfois à s'échouer sur nos côtes.
"On trouve chez certaines espèces des traumatismes acoustiques qui ne sont pas compatibles avec la vie"
— Michel André du laboratoire de bioaccoustique de l'école Polytechnique de Barcelone
D'autres espèces, même celles qui n'ont pas d'oreilles, sont aussi impactées par les bruits que nous produisons en mer : "Les poulpes, les calamars, les seiches, les coquilles St-Jacques, les crevettes ou encore les crabes sont impactés. Les bruits jouent sur des organes sensoriels qu’ils possèdent pour maintenir leur équilibre dans la mer. On trouve des traumatismes acoustiques qui ne sont pas compatibles avec la vie. Ces animaux souffrent de lésions irréversibles et, au bout de quelques jours, ils sont incapables de se nourrir, de s’orienter, et donc meurent" , explique Michel André du laboratoire de bioaccoustique de l'école Polytechnique de Barcelone.
Dauphins échoués en Gironde et dans les Landes. Comment expliquer l'hécatombe ? https://t.co/yAjjSIyzyE pic.twitter.com/bMjxBHTYlp
— France Bleu Gironde (@Bleu_Gironde) March 9, 2016
Même le plancton serait affecté par les bruits des moteurs de bateaux, des éoliennes en mer mais aussi des plateformes pétrolières en particulier lorsque des bateaux envoient des ondes dans le sol marin pour trouver les nappes de pétrole. Pourtant, aujourd'hui il y a des solutions pour atténuer ses bruits comme l'explique Héloïse Berkowitz du centre de recherche en gestion de l'école Polytechnique : *"Une des solutions intéressantes est le rideau de bulles, un mur de bulles d’air que l’on construit autour de la source de bruit, ce qui emprisonne le bruit à l’intérieur du mur. Cela fonctionne assez bien et commence à être généralisé".
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Des solutions de plus en plus indispensables
Faire des bateaux moins bruyants, mettre les moteurs en suspension, poster des observateurs pour stopper les travaux si des dauphins passent tout près, les pistes de réflexions sont nombreuses. Il faut proposer aussi d'autres options selon Hervé Dumez, du CNRS : "Il y a trois façons d’organiser les choses, il y a la réglementation, dont on sait que les industriels n’aiment pas ça du tout, les incitations économiques, dont on sait que cela coûte très cher, et il y a aussi des façons d’orienter les choix et les comportements. On sait par exemple que si les industriels réduisent la vitesse des navires, on a moins de bruit et on fait des économies de carburant. Évidemment, cela prend beaucoup plus de temps, mais il faut réfléchir aux effets positifs que ces comportements pourraient avoir".
A l'issue de cette journée de réflexion à Polytechnique, industriels et chercheurs enverront leurs propositions à la Commission européenne qui, comme les Etats Unis, cherche aussi à limiter les impacts de nos bruits sous-marins.
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