La contestation enfle autour d'un projet de Center Parcs en Isère
Dimanche, plusieurs centaines de personnes doivent manifester dans la forêt de Chambaran, à quelques kilomètres au nord du plateau du Vercors.
Faut-il s'attendre à un nouveau Sivens? Manifestations, dégradations sur le chantier et recours en justice... Les opposants au Center Parcs de Roybon (Isère) multiplient les actions contre ce projet de village de vacances qualifié de "carnage" pour l'environnement. Dimanche 30 novembre, plusieurs centaines de personnes doivent manifester dans la forêt de Chambaran, à l'appel du collectif Zad (zone à défendre) Roybon.
Francetv info détaille les arguments de deux camps qui s'affrontent depuis 2007.
En quoi consiste ce nouveau projet Center Parcs ?
Le Center Parcs de Roybon doit réunir un millier de cottages, des commerces et des restaurants autour de l'"Aquamundo", une bulle transparente maintenue à 29°c, avec piscine, jacuzzi, etc.
A l'issue des travaux, le site s'étendra sur 150 hectares, soit "0,42% de la superficie totale de la forêt", souligne le groupe Pierre & Vacances.
La construction des résidences doit commencer à l'automne 2015. S'il voit le jour, fin 2017, le Center Parcs de Roybon sera le sixième en France et le 25e en Europe.
Pourquoi a-t-il reçu le soutien des élus locaux ?
Pierre & Vacances met en avant 697 emplois créés et des retombées fiscales pour les collectivités locales. Des arguments qui ont convaincu une grande partie des élus isérois, de droite comme de gauche, au premier rang desquels le secrétaire d'État André Vallini (PS), ancien président du conseil général.
"Les commerçants attendent Center Parcs avec impatience. On a besoin d'activité économique. Sous prétexte qu'on a 33 000 hectares de forêt, on ne va pas rester à regarder tomber les châtaignes à l'automne", fait valoir Marcel Bachasson, conseiller général (UMP) et ancien maire de Roybon (2001-2014).
Que dénoncent les opposants ?
Lancé en 2007, le projet a été maintes fois retardé par des recours en justice. Aujourd'hui, les opposants s'appuient sur les conclusions de la commission d'enquête publique au titre de la loi sur l'eau, qui a rendu à l'unanimité un "avis défavorable" au projet en énumérant 12 critiques.
Qualifiant le projet de "rédhibitoire", elle a notamment pointé l'absence de débat public et un impact sur les zones humides évalué "a minima" entre 110 et 120 hectares. "Dix fois Sivens!", crient les opposants. "C'est une aberration. Le lieu d'implantation est le point de naissance de deux rivières. C'est un espace entièrement naturel et jamais impacté par l'homme en 700 ans", souligne Francis Meneu.
Pierre & Vacances assure au contraire avoir conçu le projet "dans le plus grand respect de l'environnement", selon Éric Magnier, directeur grands projets du groupe Pierre & Vacances-Center Parcs, qui dénonce des "contre-vérités" et évoque seulement 76 ha de zones humides détruites.
Faut-il craindre un nouveau Sivens ?
Le chantier est en outre l'objet de "harcèlement" et d'actes de "vandalisme" presque "toutes les nuits", avec des clôtures détériorées, des piquets de géomètre déplacés et un incendie de matériel, selon Éric Magnier. "On est obligé de déplacer les engins de défrichement toutes les nuits", précise-t-il, indiquant que les travaux ont déjà pris quinze jours à trois semaines de retard.
La situation "est en train de passer au stade d'un nouveau Sivens", estime Francis Meneu, président de la Frapna (Fédération Rhône Alpes de protection de la nature) Isère. La référence aux manifestations contre le barrage de Sivens (Tarn) ou l'aéroport Notre-Dame-des Landes (Loire-Atlantique) revient régulièrement dans la bouche des opposants, qui espèrent provoquer un débat national sur le dossier.
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