La conférence sur les espèces sauvages menacées a refusé d'interdire le commerce international des ours polaires
Pour la majorité des intervenants, la principale menace pèsant sur les 20 000 à 25 000 ours blancs, répartis entre les Etats-Unis (Alaska), le Canada, le Groenland, la Norvège et la Fédération de Russie, est le changement climatique et la fonte des glaces qui réduit son habitat.
Les Etats-Unis de leur côté prônaient une "démarche de précaution".
A l'origine de la proposition déboutée par la CITIES, ils rappelaient que l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) avait classé cette espèce parmi les "vulnérables" en 2008 et que leur nombre avait déjà diminué de 30% en trois générations, c'est-à-dire en 45 ans.
L'étendue de la glace de mer a diminué de 15 à 20% ces 30 dernières années et un déclin supplémentaire de 10 à 50% est redouté d'ici la fin du siècle.
Mais le Canada a soutenu qu'à peine 2% des ours polaires "entrent dans le commerce chaque année" et que ce chiffre n'augmente pas. L'ours est chassé principalement pour sa peau, ses dents et ses os utilisés dans l'artisanat. Il devient également un trophée de chasse. Le Canada est le seul pays qui autorise les exportations de produits issus de cet animal.
Le marché russe pointé du doigt
Jane Lyder, la chef de délégation, a aussi fait valoir que jusqu'à 700 ours étaient tués illégalement chaque année, notamment en Russie.
"Nous voulions stimuler un débat sur ces sources multiples de menaces, explique-t-elle. Bien sûr qu'il faut reconnaître la menace potentielle et réelle du changement climatique, mais ce n'est pas suffisant. Le rythme actuel du commerce a un impact, notamment sur le marché intérieur russe".
Environ 300 ours font l'objet d'un commerce international chaque année, principalement géré par les populations autochtones, dont 210 par les communautés Inuit du Canada. Le Groenland a totalement banni l'exportation de l'ours en 2008.
L'Union européenne a refusé de la suivre, en justifiant de la "bonne gestion" des ours par les inuits.
L'ours polaire est déjà inscrit depuis 1975 à l'Annexe II de la Convention sur le commerce international des espèces sauvages menacées d'extinction, qui autorise un commerce contrôlé. L'inscription à l'Annexe I, demandée par les Etats-Unis, en aurait totalement interdit les exportations.
Une demande "émotionnelle", pas scientifique
De leur côté, les organisations dédiées à la conservation étaient divisées sur le dossier: pour l'UICN, TRAFFIC, le WWF ou le World Conservation Trust, la demande américaine était plus "émotionnelle" que scientifiquement fondée.
Mais pour la Fondation Brigitte Bardot, Robin des Bois ou le Fonds mondial de protection des animaux (IFAW), la contrebande est une menace de plus qui pèse sur l'ours blanc.
"C'est une occasion manquée, une ultime chance de répondre aux menaces" qui pèsent sur l'ours, a regretté Jeff Flocken, directeur du Fonds mondial de protection des animaux (IFAW).
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