Hostilité de députés à la venue de Greta Thunberg : "Une polémique totalement futile"
"On se focalise sur une personne, Greta Thunberg, alors que c'est un mouvement très large, dans tous les pays", affirme la climatologue Valérie Masson-Delmotte, avant le débat organisé à l'Assemblée nationale avec la jeune militante écologiste suédoise, critiqué par certains députés.
"C'est une polémique totalement futile, on parle de cette personne et on ne parle pas du fond", a réagi Valérie Masson-Delmotte, climatologue et co-présidente du groupe de travail du Giec, qui intervient mardi 23 juillet aux côtés de la jeune militante écologiste Greta Thunberg à l'Assemblée nationale. La venue de la jeune Suédoise est critiquée par certains députés Les Républicains et Rassemblement national, qui ont annoncé qu’ils n’assisteront pas à son discours.
franceinfo : Quel est le but de cette journée à l’Assemblée nationale ?
Valérie Masson-Delmotte : Je suis invitée par des parlementaires de tous horizons politiques à échanger autour d'une table ronde, en présence de Greta Thunberg, mais aussi de plusieurs jeunes Français du Mouvement pour le climat. C'est une occasion exceptionnelle de dialoguer et d'échanger. Je représenterai le travail des scientifiques. Et il y aura aussi des membres de la jeunesse qui portent des inquiétudes par rapport à l'évolution du climat et par rapport à une forme d'inaction qui, par la poursuite des émissions de gaz à effet de serre, entraînera un changement climatique important.
Certains accusent ces jeunes, et notamment Greta Thunberg, de faire de la "com", d'être instrumentalisés. Quel est votre regard sur cette polémique ?
Je pense que cette polémique est totalement futile. On se focalise sur une personne, Greta Thunberg, alors que c'est un mouvement très large, dans tous les pays. Ensuite, on parle de cette personne et on ne parle pas du fond. Le fond c'est quoi ? Quand on émet plus de gaz à effet de serre, notre climat se réchauffe. Nous pouvons observer ces conséquences en France avec l'augmentation des vagues de chaleur, l'augmentation des sécheresses sur tout le pourtour méditerranéen, une montée du niveau des mers. Le climat va continuer à changer dans les années à venir. Il faut s'y préparer, il faut s'y adapter. Il faut anticiper pour éviter les crises.
Ensuite il faut agir sur les causes de ce problème : les émissions de gaz à effet de serre. Nous avons tous des leviers d'action, mais les parlementaires et le gouvernement en ont bien davantage. Et, dans cet échange que nous aurons aujourd'hui, nous nous focaliserons sur le fond et non pas sur des polémiques que je trouve stériles.
Geta Thunberg n'incarne-t-elle pas la mauvaise conscience de nombreux dirigeants politiques ?
Vous insistez sur le côté anxiogène du message que Greta Thunberg propage. Mais de mon côté, et via les rapports du GIEC notamment, nous identifions les risques et nous tentons d'apporter des solutions. Et j'espère que le débat pourra porter sur ces solutions afin de construire un développement soutenable, protéger la biodiversité et maîtriser les risques climatiques.
Par ailleurs, je suis très reconnaissante au mouvement de la jeunesse. S’il n'y avait pas ce mouvement, je pense que je ne serais pas invitée à échanger avec plus de 170 parlementaires dans une salle de l'Assemblée nationale. S'il n'y avait pas ce mouvement, il n'y aurait pas eu de renforcement des programmes des lycées, en particulier en terminale générale, avec une partie du programme dédiée à la question du changement climatique. Ces jeunes veulent comprendre les enjeux, se les approprier, comprendre comment agir afin d'être porteurs de solutions.
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