Fracturation hydraulique : 7 millions d'Américains menacés de secousses sismiques
Les personnes vivant dans les Etats du centre et de l'est des États-Unis sont les plus exposées aux secousses sismiques risquant d'endommager les constructions, selon un rapport de l'Institut américain de géophysique publié ce lundi. L'Oklahoma, le Kansas, le Texas, le Colorado, le Nouveau Mexique et l'Arkansas sont, dans l'ordre, les plus exposés, a précisé le United States Geological Survey (USGS).
C'est la première fois que l'USGS publie une carte des risques sismiques résultant de l'activité humaine. Auparavant, seuls les risques de tremblement de terre naturels étaient concernés par ses prévisions.
L'Oklahoma au même niveau de dangerosité que la Californie
Jusqu’à présent, l’Oklahoma n’était pas soumis à un réel risque sismique. Les scientifiques n'y enregistraient chaque année que quelques petites secousses. En 2015, l’activité a spectaculairement augmenté, avec plus de 900 secousses, parfois autour de 5 sur l’échelle de Richter. Désormais, cet Etat américain est considéré, au même titre que la Californie, comme un endroit à haut risque.
Dans certains endroits, des destructions peuvent être provoquées à la fois par des séismes naturels et par des activités de fracturation hydraulique. Cette technique consiste à extraire du gaz et pétrole de schiste par injection d'eau à haute pression dans des puits très profonds, sous les nappes phréatiques. En quinze ans, la méthode s’est généralisée dans l’Oklohama et au Kansas voisin, six Etats américains sont concernés en tout.
L'injection d'eau polluée à haute pression fragilise les failles
On connaissait déjà les dangers de cette méthode pour la consommation de l’eau : il y avait eu des accidents parfois meurtriers. On découvre maintenant les conséquences sur la géologie. Les déchets toxiques rejetés en profondeur dans le sous-sol augmentent la pression sur des failles sous-terraines déjà existantes et provoquent ces secousses sismiques.
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Pour le géologue et chercheur au CNRS Robin Lacassin, c’est la gestion des eaux polluées générées par la fracturation hydraulique qui est en cause. Dans une logique de "moindre coût", détaille-t-il sur France Info, elles sont réinjectées en profondeur plutôt que d’être traitées. "Pour libérer le pétrole, on injecte en profondeur de l’eau sous pression en quantité importante. (...) Cela produit énormément d’eaux polluées, qui remontent en même temps que le pétrole, et que les exploitants choisissent de réinjecter en profondeur pour s’en débarrasser. Cela change complètement le comportement des failles" , explique-t-il.
Le résultat, selon lui, est la casse des failles, qui produit un grand nombre de tremblements de terre, y compris dans des régions comme l’Oklahoma, "où il n’y avait pratiquement pas de séismes par le passé" selon lui.
Le risque de secousses sismiques n'est plus seulement naturel
Pour Mark Petersen, responsable de la cartographie sismiques à l'USGS, "le fait d'inclure les secousses sismiques résultant d'activités humaines a fortement accru dans notre évaluation le risque dans plusieurs parties des Etats-Unis" La fracturation hydraulique est devenue essentielle à l’économie de certaines régions aux États-Unis, mais la facture environnementale risque d’être lourde.
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