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Crise de l'œuf : pourquoi cette surproduction ?

En quelques jours, ils ont déjà détruit plusieurs centaines de milliers d'œufs. Mais depuis des mois, des aviculteurs bretons tentent d'alerter les pouvoirs publics sur la surproduction d'oeufs en France et en Europe. Car pour ces éleveurs, la conséquence est financière : le cours de l'œuf chute et ils ne rentrent pas dans leurs frais. Mais pourquoi une telle surproduction? France Info fait le point alors que les producteurs sont reçus par le ministère de l'Agriculture ce mardi.
Article rédigé par Typhaine Morin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Juan Carlos Ulate Reuters)

Les producteurs d'œufs seront reçus en début d'après-midi à Rennes ce mardi par le préfet de Bretagne et le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll. Depuis plusieurs mois, ils s'inquiètent d'une surproduction qui fait chuter le prix de l'oeuf. Certains craignent de devoir mettre la clé sous la porte. Plusieurs phénomènes expliquent cette surproduction en France et en Europe. L'Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne et des Pays de la Loire estime que 15 à 20 millions des 350 millions de pondeuses de l'Union européenne sont en trop.

Davantage d'élevages, plus grands
En janvier 2012, une directive européenne sur le bien-être animal, et notamment les poules pondeuses, entre en vigueur. Désormais, les poules disposent de cages, de perchoirs, de nids et même de grattoirs pour se raccourcir les griffes.

Pour les aviculteurs, cela se traduit par de lourds investissements, de l'ordre de 20 euros par poule. Pour supporter ces coûts, de nombreux éleveurs agrandissent leur cheptel et augmentent ainsi leurs productions. "Il y a eu trop de nouveaux bâtiments qui se sont montés et on se retrouve avec une surproduction de 5 à 10% ", explique un aviculteur des Côtes d'Armor.

Baisse de la mortalité L'amélioration des conditions de vie des poules pondeuses a provoqué une baisse de la mortalité, "de l'ordre de deux points ", indique Philippe Juven, président du Comité national pour la promotion de l'oeuf (CNPO). Conséquence logique : la production d'oeufs a augmenté de 2% environ. 

Suppression des aides à l'exportation La Commission européenne a récemment supprimé les restitutions; un régime qui subventionne l'exportation de certains produits vers un pays tiers. Jusqu'alors, les oeufs bénéficiaient de ces restitutions. Aujourd'hui, les aviculteurs ont plus de mal à exporter leurs oeufs, concentrant un peu plus leur production aux frontières hexagonales et européennes. 

Demande de classement en produit "sensible " Le CNPO demande aux pouvoirs publics que l'oeuf soit classé parmi les produits "sensibles ". De cette manière, les droits de douanes seraient maintenus pour les pays qui ne respectent pas les mêmes normes. "Il faut savoir que les normes européennes sont les plus en pointe dans le monde en ce qui concerne le bien être animal " notamment, rappelle Philippe Juven. "Il n'y a pas d'équivalent dans le monde ".

Or, la Commission européenne vient de supprimer les droits de douanes pour les oeufs provenant d'Ukraine. Ce n'est pas encore appliqué, mais les normes ukrainiennes sont différentes des normes européennes, moins contraignantes. Par exemple, les poules peuvent être nourries avec des farines animales, ce qui est interdit en Europe, et ce qui fait baisser les coûts de production.

Des discussions viennent par ailleurs de démarrer avec les Etats-Unis, où 99% des poules sont élevées en batterie (contre 91% dans l'Union européenne, d'après l'OABA, l'Oeuvre d'assistance aux bêtes d'abattoirs). 

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