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REPORTAGE : Pollution de l'air : on a embarqué dans le "laboratoire volant" du CNRS au-dessus de Paris

Comment se comporte la pollution parisienne une fois dans l'air ? C'est ce que vont tenter de comprendre Météo France et le CNRS en faisant voler à basse altitude un véritable "laboratoire volant". franceinfo a pu visiter cet avion unique en son genre, à l'aérodrome de Cergy-Pontoise.

Article rédigé par franceinfo - Boris Hallier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Cet avion de Météo France et du CNRS doit permettre de mieux comprendre comment se comporte les polluants aériens issus de Paris. (BORIS HALLIER / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Si vous êtes dans un rayon de 200 kilomètres autour de Paris, vous aurez peut-être l'occasion d'apercevoir un avion voler à basse altitude d'ici le 7 juillet 2022. Il s'agit d'un avion scientifique du CNRS qui va analyser la composition de l'air pour comprendre comment se déplace le panache de pollution du bassin parisien.

Cet appareil, bardé de capteurs et avec un tube d'aspirateur fixé sous la carlingue, va effectuer une quinzaine de vols en tout dans le cadre du programme "Paname 2022" du CNRS, qui vise à étudier la qualité de l'air en Ile-de-France. À l'intérieur, quelques techniciens et une vingtaine d'instruments scientifiques : un véritable "laboratoire volant", s'enthousiasme Paola Formenti, chercheuse au laboratoire des systèmes atmosphériques du CNRS. "Le bruit qu'on entend, ce sont les machines qui tournent, les pompes qui font qu'on aspire l'air depuis l'extérieur, mais aussi les systèmes de refroidissement des instruments, décrit-elle. Tous les opérateurs sont à leur poste de travail pour calibrer leurs instruments et s'assurer que, au moment du décollage, tout fonctionne."

L'intérieur du "laboratoire volant" du CNRS et de Météo France pour suivre la pollution parisienne à 200 kilomètres à la ronde. (BORIS HALLIER / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Des informations très précieuses

L'objectif de la mission est donc de collecter des données sur la composition des particules de pollution issues de la région parisienne. "On a pu détecter des composés qui sont des sulfates. On est passé au dessus de panaches qu'on attribue à des émissions ponctuelles de centrales thermiques", détaille Paola Formenti. Des données particulièrement précisuses : "C'est très important de connaître de quoi les particules sont faites, parce qu'elles peuvent se rajouter à l'effet des gaz à effet de serre, et donc contribuer ou pas au changement climatique."

Ces informations sont d'autant plus précieuses qu'il est impossible de les obtenir en restant au sol, explique Thierry Bourriane ingénieur de recherche chez Météo France : "Généralement, les aérosols sont produits près du sol. Ils vont ensuite être soulevés par le vent et se déplacer."

"En faisant une campagne de mesures en avion, on va pouvoir explorer une grande zone et aller mesurer directement à l'endroit où les aérosols se transforment au cours de la journée."

Thierry Bourriane, ingénieur de recherche chez Météo France

à franceinfo

Paolo Formenti, chercheuse au laboratoire des systèmes atmosphériques du CNRS, à bord de l'avion qui va suivre la pollution issue du bassin parisien. (BORIS HALLIER / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Après cinq heures de préparation, l'appareil peut décoller pour cette nouvelle mission. Trois heures de vol sont au programme à seulement 300 mètres d'altitude en direction de l'est de Paris jusqu'à Saint Dizier en Haute-Marne. "Il y a beaucoup d'inconnus sur les processus qui régissent les transformations. Finalement, qu'est-ce que deviennent vraiment les polluants une fois qu'ils sont émis dans l'atmosphère ?, s'interroge Paola Formenti. On les connaît encore assez faiblement et donc l'objectif du projet est vraiment d'aller loin dans l'amélioration de notre compréhension sur ces processus et ces composés."

Des données que les scientifiques du CNRS se donnent deux ans pour exploiter et analyser.

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