: Infographies Barils de pétrole, avions dans le ciel, arbres décimés... Quatre records inquiétants pour la lutte contre le réchauffement climatique
L'Atlantique au plus chaud, les pays du pourtour méditerranéen en pleine canicule, l'Antarctique qui fond toujours plus vite… Les indicateurs climatiques s'emballent en 2023. Dernier exemple en date, l'agence européenne Copernicus a déclaré, mardi 8 août, que le mois de juillet avait été le plus chaud jamais enregistré sur Terre. Pourtant, l'origine de ces conséquences du réchauffement climatique est établie de longue date, notamment par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) dès les années 1990 (PDF). Ce sont les activités humaines, qui dépendent actuellement largement du pétrole, du charbon et du gaz, qui sont responsables. Plus de trente ans après, en 2023, plusieurs records démontrent que la transition vers une sortie de ces énergies fossiles est encore loin d'être enclenchée.
Une demande en charbon jamais aussi élevée
Principale source d'émissions de CO2 dans l'atmosphère, le charbon n'a jamais été autant consommé. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a rapporté le 27 juillet un "plus haut historique" en 2022, avec plus de 8 300 millions de tonnes brûlées, et s'attend à un "niveau record" en 2023.
Même si les énergies renouvelables, aux faibles émissions de CO2, sont exploitées partout dans le monde, la transition énergétique "n'a pas lieu", conclut un rapport du réseau REN21, regroupant gouvernements, organisations internationales, industriels ou encore scientifiques, cité par Le Monde . "Depuis une dizaine d'années, il y a des annonces très positives. Il y a une accélération du déploiement des renouvelables. Mais en parallèle, la demande continue de croître et on reste à 80% de l'énergie consommée dans le monde d'origine fossile", déplore auprès de franceinfo Rana Adib, directrice exécutive de REN21.
"Les renouvelables ne remplacent pas les fossiles. Pour le moment, clairement, c'est un ajout."
Rana Adib, directrice exécutive de REN21à franceinfo
La responsable cite deux exemples de signaux contraires à ce que la crise climatique imposerait : les centaines de nouvelles licences d'exploitation de gaz et de pétrole accordées par le Royaume-Uni fin juillet et le record mondial, en 2022, de subventions publiques dirigées vers les énergies fossiles, établies à "plus de mille milliards de dollars" par l'AIE.
Le pétrole attendu au plus haut en 2023
Autre énergie fossile utilisée principalement pour les transports et l'industrie de la pétrochimie, le pétrole bat lui aussi tous les records. En 2023, l'AIE prévoit une demande jamais égalée de 102,1 millions de barils en moyenne par jour, a-t-elle fait savoir le 7 juillet. Et l'agence s'attend à de nouveaux records chaque année, selon ses prévisions jusqu'en 2028.
L'année 2022 restera également dans les annales, puisque les cinq majors pétrolières que sont Shell, Chevron, ExxonMobil, TotalEnergies et BP ont réalisé des bénéfices record, engrangeant 151 milliards de dollars de bénéfice net.
Un nombre record d'avions dans le ciel
Le secteur de l'aviation est en plein essor, malgré un impact sur le climat "200 fois supérieur" au train, rappelle l'Ademe. Le site spécialisé Flightradar24, qui suit les vols commerciaux, privés et militaires depuis 2007, l'explique : "Le trafic aérien a constamment augmenté dans le monde avant la pandémie de Covid et la demande que nous constatons actuellement reflète un retour à cette croissance." Jusqu'à atteindre des records en 2023. "Notre jour le plus fréquenté depuis toujours a été le 20 juillet 2023, pendant lequel nous avons enregistré 262 103 vols", décrit à franceinfo Ian Petchenik, de Flightradar24.
Alors que l'aviation représente 2 à 6% des émissions mondiales de CO2, selon le périmètre retenu, cette part pourrait donc évoluer. "C ompte tenu de la croissance forte attendue par le secteur [environ 3% par an au moins] , sa part dans les émissions mondiales peut facilement croître, et ainsi peser encore plus lourd dans le réchauffement climatique", confirme le cabinet de conseil spécialisé Carbone 4.
La déforestation en hausse dans le bassin du Congo
C'est la deuxième plus grande forêt tropicale au monde, derrière l'Amazonie. Alors que dans cette dernière, la déforestation fluctue plutôt à la baisse selon les données de l'Institut national de recherches spatiales du Brésil, le bassin forestier du Congo voit, lui, davantage d'hectares disparaître chaque année. Réparti entre six pays – la République démocratique du Congo, le Cameroun, le Gabon, la République centrafricaine, la République du Congo et la Guinée équatoriale – il a perdu près de 650 000 hectares en 2022, selon les données du Global Forest Watch. Une surface sans précédent, d'après cette plateforme d'observation des forêts mondiales, qui invite toutefois à rester prudent "en comparant les anciennes et les nouvelles données avant et après 2015", leur méthode de calcul ayant évolué. L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) démontre toutefois bien que la superficie forestière diminue de manière croissante depuis les années 1990.
Près de 80% (512 672 hectares) de cette perte se fait entre les frontières de la République démocratique du Congo, où l'expansion de l'agriculture grignote la forêt primaire, explique Global Forest Watch. "L'humanité n'est pas sur la bonne voie pour respecter ses principaux engagements liés aux forêts", alerte l'observateur.
Or, le bassin du Congo constitue un véritable enjeu de lutte contre le réchauffement climatique. "Les forêts tropicales primaires sont celles qui captent le plus de carbone et en rejettent le plus dans l'atmosphère quand elles sont déforestées, par rapport aux forêts boréales par exemple", explique Marine Gauthier, chercheuse-doctorante au sein de l’Institut des hautes études internationales et de développement. Si elle reconnaît des efforts mondiaux pour réduire la destruction des forêts, comme le programme REDD+, cette experte en gouvernance forestière souligne que "la lutte contre la déforestation se heurte à des barrières économiques et aux profits que peuvent représenter les ressources naturelles de la forêt et de son sous-sol".
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