Environnement : pourquoi les châtaigniers sont-ils menacés de disparition dans les forêts d'Île-de-France ?

Publié
Durée de la vidéo : 2 min
Y aura-t-il encore des châtaignes dans les forêts françaises dans quelques décennies ? Dans les forêts d’Île-de-France, de plus en plus de parcelles de châtaigniers sont rasées. La cause, c'est la maladie de l'encre, incurable, qui prospère grâce au changement climatique.
Pourquoi les châtaigniers disparaissent des forêts d'Île de France ? Y aura-t-il encore des châtaignes dans les forêts françaises dans quelques décennies ? Dans les forêts d’Île-de-France, de plus en plus de parcelles de châtaigniers sont rasées. La cause, c'est la maladie de l'encre, incurable, qui prospère grâce au changement climatique. (DAUPHIN / RADIO FRANCE)
Article rédigé par franceinfo - Joachim Dauphin
Radio France
En région parisienne, de plus en plus de parcelles de châtaigniers sont rasées. En cause : la maladie de l'encre, incurable, qui prospère à cause du changement climatique.

Au coeur de la forêt de Fausses-Reposes, entre les communes de Ville-d'Avray (Hauts-de-Seine-) et Versailles (Yvelines), des forestiers abattent des châtaigniers à la tronçonneuse, mardi 20 février. Sur le panneau d'information indiquant la durée des travaux, un mécontent a écrit au feutre noir : "ONF FUMIER, ORDURE". Pourtant ce n'est pas de gaieté de cœur que l'Office national des forêts coupe ces arbres. Mais parce qu'ils vont mourir, à cause de la maladie de l'encre.

"À terme, le châtaignier en Île-de-France est quasiment condamné."

Pierre-Emmanuel Savatte, ONF

à franceinfo

"Le pathogène, le phytophthora cinnamomi, qu'on appelle maladie de l'encre, il est présent dans le sol depuis plus de deux siècles", explique Pierre-Emmanuel Savatte, directeur territorial de l'ONF Île-de-France ouest, devant une parcelle de châtaigniers malades. "Ce pathogène, c'est un oomycète, un organisme qui se situe entre un champignon et une algue. Les hivers rigoureux limitaient son développement. Le changement climatique fait que le pathogène n'est plus limité dans son développement. Et ensuite, au printemps, on a une pluviométrie incertaine qui fait que le châtaignier, lui, n'a pas l'eau suffisante, pour croître. Donc, à terme, le châtaignier en Île-de-France est quasiment condamné".

Un panneau d'information de l'ONF annonçant des coupes d'arbres dans la forêt de Fausses Reposes à Ville d'Avray tagué (Hauts-de-Seine), 20 février 2024 (DAUPHIN / RADIO FRANCE)

Il n'existe pour le moment aucun traitement pour soigner les châtaigniers malades. Quand les racines sont touchées, la cime de l'arbre perd d'abord ses feuilles. Les châtaignes sont plus petites quand l'arbre fructifie. Puis petit à petit, c'est tout l'arbre qui dépérit.

Dans la forêt de la Malmaison, à quelques kilomètres de la forêt de Fausses Reposes, toujours dans les Hauts-de Seine, une parcelle de châtaigniers malades va être rasée début mars 2024. "Si on ne les coupe pas avant qu'ils deviennent secs, ces châtaigniers vont être morts aux abords d'un chemin, sur une forêt très fréquentée par le public, s'inquiète Pierre-Emmanuel Savatte, qui redoute un accident. Donc on les prélève avant qu'ils soient définitivement morts et secs. Sinon, leur destination, c'est le bois énergie. Cela permet de réaliser aussi une petite recette".

Une parcelle reboisée artificiellement dans la forêt de la Malmaison (Hauts-de-Seine) après une coupe rase de châtaigniers touchés par la maladie de l'encre, le 20 février 2024 (Radio France/ Joachim Dauphin)

En effet, morts, ces châtaigniers termineraient dans une cheminée. Prélevés à temps, ils peuvent être vendus par l'ONF pour fabriquer des meubles ou du parquet. Ces coupes rases, aussi appelées coupes sanitaires quand il s'agit d'arbres malades, permettent aussi de "préparer la forêt de demain", rappelle M. Savatte.

Dans cette parcelle du bois de la Malmaison, rasée il y a trois ans, des essences variées ont été plantées en 2022. Elles ont été sélectionnées grâce au logiciel créé par l'Inrae Climessences. Cet outil utilisé par l'ONF, accessible à tous, permet de choisir des essences adaptées au sol et au climat futur. Lors de ces reboisements artificiels, les pousses sont plantées en ligne. Elles sont protégées des chevreuils gourmands par des grillages. Derrière ces protections, il y a des bébés chênes sessiles, des tilleuls à petites feuilles, des alisiers, des cormiers et quelques résineux.

Pour voir à quoi ressemble la forêt de demain, il faudra faire preuve de patience : dans 20 ans, quand les arbres qui ont survécu feront une dizaine de mètres.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.