Crise climatique : les gouvernements doivent prendre des mesures "rapides, agressives et soutenues" pour décarboner le secteur aérien
Pour parvenir à limiter la hausse des températures moyennes globales, le rythme de décarbonation de l'aviation doit s'accélérer.
La décarbonation du secteur aérien va nécessiter des politiques publiques "rapides, agressives et soutenues". Dans une étude (lien en anglais) publiée jeudi 9 juin, le groupe de réflexion International Council on Clean Transportation (ICCT) estime que les émissions de gaz à effet de serre du secteur devront commencer à décroître avant la fin de la décennie et si possible avant 2025, pour rester "dans les clous" de l'accord de Paris, signé en 2015 (PDF).
Sauf à limiter sévèrement la croissance du trafic ou à lancer des opérations de capture de carbone, aucun des trois scénarios développés par l'ICCT ne voit le secteur aérien se placer sur une trajectoire de 1,5 °C, l'objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris. Or, les compagnies n'envisagent pas de réduire le trafic ou au moins de limiter sa croissance, comme le réclament certaines ONG : elles prévoient de transporter 10 milliards de passagers au milieu du XXIe siècle, contre 4,5 milliards en 2019, avant la crise sanitaire.
Un réchauffement de 1,75 °C dans le meilleur des cas
Si aucune mesure n'est prise, le secteur aérien devrait émettre 48,6 gigatonnes de CO2 entre 2020 et 2050, entraînant une hausse des températures globales moyennes bien supérieur à 2 °C d'ici 2100, un seuil fixé dans l'accord de Paris et considéré comme le maximum auquel l'humanité pourrait s'adapter avant que les conséquences du réchauffement climatique n'entraînent des bouleversements catastrophiques à travers le monde.
Mais si un maximum de mesures étaient prises, comme le recours massif aux carburants d'aviation durables (sustainable aviation fuels, SAF) élaborés à base de biomasse ou, à terme, de combinaison de CO2 et d'hydrogène "vert", le "budget carbone" de l'aviation en 2020-2050 pourrait être réduit à 22,5 gigatonnes, compatible avec un réchauffement de 1,75 °C, estime l'ICCT. Dans cette modélisation, "des interventions rapides, agressives et soutenues" des gouvernements seraient nécessaires pour "déclencher des investissements massifs dans les appareils et carburants à zéro émission". Dans ce cas, en 2050, "les émissions de CO2 (de l'aérien) chuteraient de 94% par rapport aux niveaux de 2019".
Les compagnies aériennes, réunies dans l'Association internationale du transport aérien (Iata), ont entériné l'objectif de "zéro émission nette" d'ici à 2050. Pour ce faire, elles écartent de limiter la croissance du trafic et comptent à 65% sur les SAF, mais aussi sur une meilleure efficacité opérationnelle (trajectoires, opérations au sol...) ainsi que sur un système de capture de carbone et des échanges de quotas d'émission. Coût estimé par l'Iata : 1 550 milliards de dollars sur trente ans.
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