Climat : "Les COP ne servent à rien du tout à part médiatiser les catastrophes et ce qu'on doit faire", selon Yann Arthus-Bertrand
Le photographe et réalisateur écologiste Yann Arthus-Bertrand fait part sur franceinfo dimanche de ses doutes sur l'efficacité de sommets tels que la COP26, qui s'est ouvert dimanche à Glasgow.
A l'occasion de l'ouverture de la COP26 dimanche 31 octobre, à Glasgow, en Ecosse, le photographe et réalisateur écologiste Yann Arthus-Bertrand exprime son scepticisme quant à l'efficacité de ces sommets. Dans son discours à la clôture du G20 dimanche, le président français Emmanuel Macron se montrait plus optimiste et a salué les avancées du G20 sur les questions climatiques.
franceinfo : Est-ce qu'il y a des raisons d'espérer des avancées sur le climat, comme le disait Emmanuel Macron ce dimanche ?
Yann Arthus-Bertrand : Vous savez, j'ai assisté à la première COP à Rio en 1992 et chaque année on dit que ça va être la plus importante. Sincèrement, les COP ne servent à rien du tout à part médiatiser les catastrophes et ce qu'on doit faire. Les hommes politiques sont dirigés par les électeurs, tant qu'on n'aura pas nous, tous ensemble, envie de bouger, ils ne pourront pas bouger.
Il n'y a donc rien à espérer de cette COP ?
Si. Il y a à espérer des décisions, mais toutes les décisions qu'on va prendre n'auront des effets que dans 20 ans. Le climat qu'on a eu pendant 10 000 ans, sur lequel s'est assis notre civilisation, est parti à jamais, il ne reviendra jamais, c'est ce que disent tous les scientifiques. Je trouve que les discours des hommes politiques ne sont pas à la mesure des catastrophes annoncées. Toutes ces grandes COP, c'est comme des réunions de copropriétaires où chacun tire la couverture vers soi mais en fin de compte, personne n'a envie de décroissance ou du moins de croissance sans carbone - ce qui est extrêmement compliquée. Donc tout le monde va signer des traités en revenant pour montrer à ses électeurs qu'on a fait quelque chose mais sur le fond, ça fait quand même 20 ou 30 ans qu'on ne fait rien.
Quand j'ai fait mon film Home, je croyais qu'on allait changer, il y avait Al Gore qui était arrivé et qui a eu le prix Nobel, on consommait 90 millions de barils de pétrole par jour. Aujourd'hui on en consomme 100 millions. Toutes les énergies renouvelables qu'on a mises en place se sont additionnées à cela. Ce qui veut dire qu'on est complètement incohérent. On fait exactement le contraire de ce qu'on doit faire. Quand il y a la marche pour le climat à Paris, on est 40 000, quand il y a la marche contre le pass sanitaire il y a 200 000 personnes qui vont manifester en France et quand il y a la coupe du monde on va être 2 millions dans les rues. Quand on sera 2 millions à marcher dans la rue, non pas pour le climat, mais pour notre vie, pour la vie de nos enfants, nos petits-enfants, peut-être qu'à ce moment-là le monde changera.
La solution vient des citoyens et de nos actes du quotidien ?
C'est nous qui élisons les politiques, c'est nous qui décidons, avec des décisions comme la taxe carbone dont on n'a pas voulu, tout le monde était dans la rue, on a arrêté. Il faut qu'on soit assez courageux pour accepter des décisions qui ne vont pas nous faire plaisir mais qui sont là pour sauver la planète. Le prix du carburant qui monte c'est une très bonne chose pour l'environnement malheureusement. Maintenant il y a des compensations à faire pour les gens qui n'ont pas assez les moyens. Mais il faut que le pétrole soit beaucoup plus cher parce que ce carbone est en train de nous tuer, de tuer nos vies. Les scientifiques parlent de la sixième extinction, ça veut dire la fin de la vie sur Terre. C'est dramatique et on est incapables de réagir. Bien sûr qu'il faut des COP, bien sûr qu'il faut des Greta mais malheureusement ça va être beaucoup plus compliqué qu'on ne le pense.
Est-ce que vous allez vous rendre à cette COP26 ?
Oui, j'ai la chance que Sting ait fait la voix de Legacy, le film qu'on vient de réaliser, on a une projection avec le prince Charles et sa famille et une projection pour la COP. J'en suis ravi parce que c'est un film - c'est assez courageux de le faire - où on dit que les COP ne servent à rien.
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