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COP21 : le double jeu de la Chine dans les négociations

Les premières réunions de négociateurs de la conférence climat vont débuter dimanche au Bourget. Au bout du tunnel de tractations qui s’annonce, un objectif majeur : limiter le réchauffement climatique à deux degrés. La Chine, premier émetteur de gaz à effet de serre et tête de file des pays émergents, jouera un rôle déterminant.
Article rédigé par franceinfo
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  (François Hollande et Xi Jinping à Pékin, le 2 novembre 2015©maxPPP)

La pression est forte sur les négociateurs qui se réuniront une première fois au Bourget à 17 heures ce dimanche. Ils ont une obligation de résultat cette fois. Leurs premières réunions démarrent avec un jour d’avance sur le programme initial. Il s’agira surtout de réunions d'organisation des groupes de travail. Car il n'est pas facile de négocier à 195. Personne ne doit se sentir lésé. L'ONU a donc voulu gagner du temps en commençant les réunions avant que les chefs d'Etat ne prennent la parole lundi lors des séances plénières.

Limiter le réchauffement climatique à deux degrés

Barack Obama, Xi Jinping, Vladimir Poutine : en tout, 147 chefs d'Etat seront présents lundi en séance plénière. Ils parleront tour à tour à la tribune de la conférence pour montrer leurs ambitions pour le climat. L'enjeu est de trouver une stratégie globale pour limiter le réchauffement climatique à 2°C et donc limiter nos émissions de gaz à effet de serre. 

"Tout est inquiétant pour l’instant car rien n’est très concret"

Un enjeu affiché qui doit se solder par un accord clair et précis, selon Jean-François Julliard, de Greenpeace France : "Pour que Greenpeace soit satisfait de ce texte, il faut qu’il mentionne un objectif '100% énergies renouvelables' à l’horizon 2050. (…) Il faut que quelque chose soit annoncé sur l’abandon des énergies fossiles, une décarbonisation totale de nos sociétés et un déploiement massif des énergies renouvelables. Tout est inquiétant pour l’instant car rien n’est très concret ".

Accords COP21 : "Pour l’instant, rien n’est très concret" s'inquiète Jean-François Julliard de Greenpeace, au micro d'Anne-Laure Barral

Rien ne se fera sans la Chine

La Chine représente 28% des émissions mondiales de CO2, ce qui en fait le plus gros émetteur mondial. Elle a annoncé vouloir poursuivre deux objectifs principaux : faire culminer ses émissions de CO2 avant 2030 et atteindre 20% d’énergies non fossiles dans son mix en 2030. Elle ne dit pas quelle part sera remplie par les renouvelables, l’autre part étant le nucléaire.

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Le président chinois Xi Jinping sera donc l'un des acteurs les plus stratégiques dans les négociations, car son pays cumule deux statuts : celui de deuxième puissance économique mondiale et celui de leader des pays émergents. La Chine se situe donc dans l'entre-deux de la traditionnelle opposition Nord / Sud qui a souvent empêché les négociations d'aboutir.

Rôle ambigu

Selon Amy Dahan, directrice de recherche au CNRS, qui a participé à toutes les négociations depuis 2004, la Chine devra remplir ce rôle de médiateur pour que la COP aboutisse.

"Le rôle ambigu" de la Chine dans les négociations, expliqué par Amy Dahan, directrice de recherche au CNRS
Mais c’est un "rôle ambigu ", explique-t-elle. Le pays se veut "être responsable et gérer le monde avec les Etats-Unis ", mais il tient également "à sa position de leader vis-à-vis des pays pauvres et donc il les laisse durcir leurs positions ". Par ailleurs, selon Amy Dahan, "la Chine doit agir sur le climat pour des questions de stabilité interne, puisqu’elle est confrontée à des dégâts énormes chez elle et des inquiétudes de sa population ".

Les doutes chinois sur la volonté des pays développés

Il y a encore quelques jours, le négociateur chinois, monsieur Xie, celui qui avait dit "non" à Copenhague, a dévoilé ses cartes. Il estime que les pays riches sont encore loin du compte pour qu’il y ait consensus à Paris. Il doute de la volonté réelle de financer la transition énergétique - les fameux 100 milliards de dollars à trouver - et il n'apporte pas beaucoup plus de crédit à la promesse des pays développés de réduire leurs émissions de 25 à 40% d’ici à 2020.

Le président Xi Jinping dîne ce dimanche soir à l'Elysée. Il passera moins de 48 heures à Paris puis se rendra à un sommet Chine-Afrique à Johannesburg. Il a d’ores et déjà promis de mettre trois milliards de dollars sur la table pour des projets relatifs au climat en Afrique, dans très gros chantiers, comme la construction du plus grand barrage du monde à Inga, au Congo, ou celle de six à huit réacteurs nucléaires en Afrique du Sud pour sortir de la dépendance au charbon.

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