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Vidéo Dauphins échoués sur les côtes : vers une deuxième année d'hécatombe dans le golfe de Gascogne

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Article rédigé par Etienne Monin
Radio France

Les dauphins sont de plus en plus nombreux à s'échouer sur les côtes françaises. La pêche est considérée comme le responsable principal de ce phénomène. 

Depuis le début de l’année, 300 dauphins se sont échoués dans le golfe de Gascogne. C’est plus que l’an passé à la même date. 2019 avait pourtant été une année record, avec plus de 11 300 cétacés tués, soit deux fois plus qu'en 2016. Si la courbe se maintient, 2020 sera une nouvelle année noire.

La cause est clairement identifiée. La plupart des cétacés sont morts asphyxiés après avoir été pris dans les filets des pêcheurs. "Il n’y a aucun doute quant au fait que la plupart des animaux qu’on retrouve aujourd’hui sont morts par capture accidentelle dans les engins de pêche", confirme Hélène Peltier, biologiste à l’Observatoire Pelagis, un institut public d’étude des cétacés basé à La Rochelle. La veille de notre arrivée, 34 cétacés se sont échoués sur les côtes de Vendée. 

"Des caméras sur les bateaux de pêche"

Pour tenter d’enrayer ce phénomène, l’organisation Sea Sheperd surveille les bateaux de pêches. Un Zodiac et un bateau patrouillent régulièrement de nuit dans le golfe de Gascogne. Dans un froid polaire, sur une mer houleuse à 50 km des côtes, les bénévoles attendent la remonté des filets pour tenter de documenter les captures de dauphins. Parce que trop de pêcheurs, encore aujourd’hui, ne déclarent pas ces captures. "Il n’y a pas de transparence, déplore Damien Chaumillon, de Sea Sheperd. Nous réclamons des caméras sur les ponts des navires de pêche, afin que les scientifiques puissent clairement identifier les navires qui pêchent le plus de dauphins."

Les défenseurs des dauphins manquent de données sur ces captures. L'Observatoire Pelagis estime qu’il n'y a pas plus de dauphins, mais qu’ils sont sans doute plus près des côtes, à la recherche de nourriture dans les secteurs de pêche. L’an passé, des observateurs sont montés sur des bateaux, et des répulsifs sonores, les "pingers", ont été imposés sur les chaluts pélagiques pour tenter d’écarter les dauphins. Mais cela n’a pas empêché l’hécatombe.

On veut continuer à pêcher (...) et arriver à zéro prise accidentelle de dauphins.

Mathias Duret, pêcheur

à franceinfo

Aujourd’hui les pêcheurs sont divisés. Certains refusent de jouer la transparence. Le Comité national des pêches, lui, essaie d’avancer sur cet épineux sujet, qui pourrait à terme entraver les conditions de pêche. "Il y a des prises accidentelles. On fait tout de notre côté pour essayer d’y remédier, affirme Mathias Duret, pêcheur des Sables d’Olonne. On veut continuer à pêcher. On veut essayer de faire avec, et arriver à zéro prise accidentelle des dauphins.

Après avoir été accusés d’être les responsables principaux, les chaluts pélagiques ne sont plus les seuls suspects. Les fileyeurs, beaucoup plus nombreux, pourraient aussi avoir une forte part de responsabilité. Les navires espagnols sont aussi dans le viseur. Cette année, le gouvernement a élaboré un plan national d’action en faveur des cétacés, mais il a été jugé "insatisfaisant" par le Conseil national de protection de la nature.

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