Reportage "Plus de résilience face aux changements environnementaux" : pour protéger la biodiversité, une "passe à poissons" va être installée sur le Rhône

À l'occasion de la journée internationale de la biodiversité, mercredi 22 mai, focus sur cette sorte d'escalier géant pour les poissons à Villeurbanne.
Article rédigé par Mathilde Imberty
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
La passe à poissons doit être construite en amont de Lyon, au niveau du seuil de la Feyssine, à Villeurbanne. (CNR COMPAGNIE NATIONALE DU RHONE)

Sur un grand fleuve comme le Rhône, la biodiversité est préservée par les "passes à poissons". Il s'agit d'un moyen pour aider les poissons à remonter le fleuve vers leurs zones de reproduction. L'un de ces ouvrages est actuellement en cours de construction par la Compagnie Nationale du Rhône (CNR), la société concessionnaire du fleuve, en amont de Lyon à Villeurbanne.

Ici, le Rhône atteint jusqu’à 23 m3 par seconde de débit. Sous l’effet du seuil dit de la Feyssine, cette petite chute d'eau d'1,50 mètre pose souci à certains poissons. "Pas pour les poissons les plus sportifs, comme le barbeau ou les truites, mais pour tous les autres poissons qui sont plus vulnérables et qui ont de faibles capacités... Cette chute, c'est un obstacle qui est infranchissable", assure Saïd Herrouch. Il est le chef du projet de cette "passe à poissons" imposante : 160 mètres de long pour 10 mètres de large. "Par un système de marches d'escalier, nous avons divisé cette chute en onze petites chutes, toutes inférieures à quinze centimètres. Et de proche en proche, le poisson franchira le 1,50 mètre qui le sépare de l'amont en toute sécurité", assure-t-il.

"Que chacun puisse avoir des vitesses adaptées"

L'investissement - d'un montant de 6 millions d’euros - est cofinancé par CNR et l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse. Public concerné : quelque 200 000 poissons chaque année, estime Compagnie nationale du Rhône, soit 25 espèces différentes. "Ça va des espèces d'eaux calmes, comme la carpe ou le gardon, à des espèces d'eaux vives : la truite commune, la truite fario, l'ombre commun... L'idée est que chacun puisse avoir des vitesses adaptées à ses capacités de franchissement : ceux qui vont sauter, ceux qui vont nager en pleine eau ou ceux qui vont nager au fond", précise Franck Pressiat, responsable du département environnement à la CNR.

La passe à poissons de 10m de large et 160m de long. (MATHILDE IMBERTY / RADIOFRANCE)

Cet ouvrage est outil de sauvegarde de la biodiversité : "Elle permet aux espèces soit de migrer pour leur reproduction, soit d'aller chercher de la nourriture ou des conditions environnementales qui leur plaisent mieux ailleurs en allant d'un endroit du Rhône à un autre, en passant aussi du Rhône à des affluents. Et tout ça leur permet d'avoir plus de résilience quand il y a des changements environnementaux", assure Franck Pressiat.

"Les remontées au niveau national et international montrent des graves déclins de la biodiversité notamment dans les milieux aquatiques"

Franck Pressiat, responsable CNR

à franceinfo

"Nous avons bon espoir, ajoute Franck Pressiat, que dans les années à venir - avec tous ces efforts sur la continuité, sur les ouvrages de franchissement, conjugués à des efforts du monde de la pêche et de réduction de l'ensemble des pressions - on arrive à reconstituer des populations de poissons migrateurs conséquentes qui eux-mêmes ensuite sont bénéfiques pour l'ensemble des écosystèmes du fleuve."

Plusieurs milliers de poissons seront suivis grâce à une puce pour évaluer l’impact réel de cette passe qui sera mise en service fin 2024. D'ici une dizaine d'années, tout le Bas-Rhône sera équipé en "passes à poissons", c’est-à-dire toute la zone qui va de Lyon à la Méditerranée.

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