La forêt continue de s'étendre en France, mais elle est de plus en plus fragile, rapporte l'IGN
La forêt continue de s'étendre en France, mais elle est de plus en plus fragile, a indiqué jeudi 10 octobre sur France Inter Manuel Fulchiron, directeur adjoint, responsable forêt à l'IGN, alors que l'Institut national de l'information géographique et forestière publie son inventaire national.
Depuis 1850 et "ce qu'on appelle, le minimum forestier", rappelle Manuel Fulchiron, la forêt continue son expansion en France. "Ces dernières années, elle a encore augmenté de 90 000 hectares par an", indique le directeur adjoint de l'IGN en charge des forêts, soit près de "130 000 terrains de foot de forêt supplémentaires chaque année". La France (55 millions d'hectares) compte aujourd'hui 17,5 millions d'hectares de forêt, chiffre l'ingénieur.
Il y a des régions qui se verdissent plus que d'autres. "C'est surtout dans l'Ouest et dans le Sud-Est qu'il y a la plus forte progression, essentiellement par colonisation et reforestation de terres agricoles anciennes", observe Manuel Fulchiron. Il n'y a plus de grandes campagnes de reboisement, celles connues lors des années 1950, 1960 ou 1980, rappelle le directeur adjoint de l'IGN. Ces dernières années, la reforestation se fait "par petites touches".
"Une tempête silencieuse" frappe les forêts
Mais ce n'est pas parce que la forêt continue de s'étendre qu'elle est forcément en bon état. L'IGN observe depuis plusieurs années "une tempête silencieuse qui tape dans les forêts". La canicule et la sécheresse affaiblissent toujours un peu plus les arbres. "Ils finissent par succomber soit d'épuisement, soit d'attaque de champignons, d'insectes, de divers parasites qui ont raison d'eux", explique Manuel Fulchiron. Un chiffre calculé par l'IGN montre l'affaiblissement généralisé des arbres français : "15 millions de mètres cube de mortalité, c'est deux fois plus qu'il y a dix ans".
Dans son inventaire national publié ce jeudi, l'IGN recense trois essences d'arbres particulièrement concernées par cette mortalité croissante. L'épicéa, un résineux menacé par un insecte, le scolyte. "C'est l'essentiel des arbres qui meurent aujourd'hui", précise Manuel Fulchiron. Depuis plusieurs années, le châtaignier est aussi menacé, attaqué par la maladie de l'encre et le chancre. Quant au frêne, il est attaqué par la chalarose. Ces trois dernières maladies sont toutes causées par des champignons originaires d'Asie.
"Pas de recette magique"
L'IGN déconseille évidemment la monoculture, qui provoque une population unique moins résistante face aux perturbations climatiques ou biologiques, ce qui n'est d'ailleurs "pas propre aux forêts", souligne Manuel Fulchiron. L'inventaire national de l'IGN, "ce thermomètre de la forêt", comme l'appelle le directeur adjoint de l'institut, permet aussi "d'orienter, de guider les politiques publiques". Par exemple, il faut s'adapter au "nouveau climat" et aider à la "migration de certaines espèces qui étaient plus au Sud et qu'il faut installer plus au nord pour accompagner le renouvellement". Mais, face à l'affaiblissement croissant des arbres français, le directeur adjoint de l'IGN le concède : "Il n'y a pas de recette magique".
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