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#AlertePollution : à Arcueil, les déchets radioactifs oubliés du laboratoire de Marie Curie inquiètent les habitants

Article rédigé par Thomas Baïetto
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'ancien laboratoire de Marie Curie se trouve avenue de la Convention à Arcueil (Val-de-Marne). (GOOGLE STREET VIEW)

Dans le cadre de notre enquête collaborative, quatre internautes nous ont signalé ce laboratoire, abandonné depuis 1978. D'après le maire de la ville, "il reste deux points chauds à l'intérieur où la radioactivité est un peu supérieure à la normale".

#AlertePollution

Rivières ou sols contaminés, déchets industriels abandonnés… Vous vivez à proximité d’un site pollué ?

"C'est assez obscur et on n'a pas vraiment de réponse". Au téléphone, Romuald nous précise son inquiétude. Cet habitant d'Arcueil nous a envoyé un signalement dans le cadre de l'opération #AlertePollution. Ses enfants sont scolarisés juste à côté de l'ancien laboratoire de Marie Curie, un site radioactif abandonné en plein cœur de cette ville du  Val-de-Marne, à quelques kilomètres de Paris. "Est-ce une simple peur du voisinage ou est-ce qu'il y a de réels dangers ? Ce n'est pas très transparent", regrette cet Arcueillais, qui s'était armé en 2014 d'un compteur Geiger pour mesurer la radioactivité du bâtiment. "Effectivement, le rayonnement gamma n'était pas excessif, mais il y avait quand même du rayonnement alpha, dont on ne sait pas trop ce qu'il fait", raconte-t-il.

Une décontamination entamée dans les années 90

Romuald n'est pas le seul à s'inquiéter : ce laboratoire, dont les caves abritent des déchets chimiques et radiaoctifs, nous a aussi été signalé par Lydia, Stéphanie et même une élue de la ville. Selon la mairie, le chantier de décontamination a débuté en 1991. Depuis, les choses avancent lentement et le site, sécurisé par des barbelés et des caméras, a été victime d'une intrusion en 2010.

Le maire écologiste de la ville, Christian Métairie, se veut toutefois rassurant. "Il y a très longtemps qu'il n'y a plus de risques à l'extérieur du bâtiment. Il reste deux points chauds à l'intérieur où la radioactivité est un peu supérieure à la normale", pose-t-il, avant de préciser : "Pour l'extérieur, nous avons un dosimètre référent dans un autre espace de la ville et nous sommes à des doses de rayonnement absolument identiques." 

Difficile de savoir quels déchets s'y trouvent

Contactée par franceinfo, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) précise que la mise en sécurité du site a été effectuée entre 2009 et 2013, que 14 appareils de mesure surveillent la radioactivité du site et que ce dernier "ne présente aucun impact d'ordre sanitaire pour les riverains". Mais pourquoi la décontamination est-elle si longue ? L'ASN explique qu'il a fallu faire un long travail de "caractérisation chimique" des déchets entreposés dans le laboratoire, géré aujourd'hui par le rectorat de Créteil.

En clair, personne ne savait vraiment ce qui dormait derrière les murs de ce laboratoire, construit pour Marie Curie dans les années 1930 et désaffecté depuis 1978. Cette caractérisation, indispensable pour savoir comment se débarrasser des déchets, n'est toujours pas terminée. "Des appels d'offres seront lancés à la fin de l'année pour une mise en exécution à partir de juin 2019 jusque fin 2020", assure l'ASN, qui supervise le chantier pour l'Etat.

Il faudra ensuite enlever ces déchets et s'occuper du bâtiment lui-même, ainsi que des arbres plantés dans le petit parc qui l'entoure. Le maire espère que tout sera terminé en 2022.

Notre objectif est de se réapproprier ce bel espace au milieu de la ville, même si j'ai bien en tête que ce sera compliqué de l'utiliser même décontaminé.

Christian Métairie

à franceinfo

"Il est clair qu'on ne va pas y mettre une crèche mais ça ferait un magnifique espace vert, à un kilomètre de Paris", conclut le maire d'Arcueil, bien conscient du fardeau psychologique d'un tel endroit.

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