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À Rochefort, on donne un prix aux arbres pour mieux les protéger

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Rochefort le prix des arbres {} (FTR)
Article rédigé par franceinfo - Chrystel Chabert
France Télévisions

Pour protéger ses arbres des dégradations et des incivilités, la ville de Charente-Maritime a décidé de leur attribuer une valeur afin de pouvoir réclamer des dédommagements. IlsOntLaSolution 

La mesure peut sembler étrange au premier abord et pourtant, nous savons tous qu’il est urgent de protéger le patrimoine végétal, notamment dans les villes où la présence des arbres est essentielle tant au niveau écologique que pour le bien-être moral qu’ils apportent aux habitants.  

La ville de Rochefort a donc décidé de protéger ses 11 000 arbres, soumis à de multiples agressions. Pour n'en citer que quelques-unes : morsures d’un chien hargneux, séquelles laissées par un accident de voiture, “gravage” de l’écorce avec un couteau (les “Julien et Léa For Ever” entourés d’un cœur !) ou sabotage volontaire de riverains gênés par une branche...

Des "agressions" parfois fatales

Eric Bourdajaud, le directeur service Espaces verts de Rochefort montre aussi cet arbre impacté par des travaux de canalisations. "La tranchée est passée tout près de l’arbre. On n’a pas pu l’empêcher alors qu’elle aurait pu passer sous la chaussée à une distance raisonnable de l’arbre. Le système racinaire a été touché et on risque un dépérissement prématuré de l’arbre".

Entailles, branches cassées, écorce arrachée... autant de dégradations qui fragilisent les arbres.  (J. Chauvet / France Télévisions)

Contrairement à ce qu'on peut croire, un arbre blessé ne guérit pas vraiment. Sur son site jardinieuxparesseux.com, le journaliste et blogueur horticole Larry Hodgson explique que "la blessure se referme, c’est vrai, mais sous cette nouvelle couche d’écorce, les cellules endommagées meurent et ne sont pas remplacées".

Autour de la blessure, des cellules émettent des produits chimiques qui vont prévenir la pourriture et de nouvelles cellules recouvrent la blessure. "L’arbre isole les cellules mortes sujettes aux infestations. Mais cette blessure demeurera un point faible pour le reste de la vie de l’arbre et il y aura toujours un risque d’infestation".

Un coût pour la communauté

Toutes ces dégradations ont un coût pour la ville et donc pour la communauté. Une enquête menée dans plusieurs villes de France montre que ce coût va de 5€ (comme à Angers) à plus de 60 € (à Paris) par arbre et par an selon la ville, le nombre d’arbres et les espèces présentes. 

À Rochefort, un barème d’évaluation a donc été adopté en conseil municipal pour "quantifier le préjudice subi et calculer le montant d’un éventuel dédommagement". L’espèce, l’âge et la rareté sont pris en compte pour estimer la valeur de l’arbre. Plus l’arbre est cher, plus l’indemnité sera élevée en cas de dégradations. Ce serait le cas pour le majestueux frêne qui trône près des thermes de la ville. Il est estimé à 26 000 euros. 

A Rochefort, ce frêne majestueux a été estimé à 26 000 euros. (J. Chauvet / France Télévisions)

Un barème de l'arbre

Rochefort n’est pas la première ville en France à adopter ce dispositif. Orléans, Lyon, Nancy ou Riorges l’ont mis en place en s’appuyant sur un projet élaboré par deux associations : Copalme (une association d’arboristes élagueurs grimpeurs), Plante et Cité (centre technique national sur les espaces verts et la nature en ville) en collaboration avec le CAUE de Seine-et-Marne (Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement).  

Ensemble, ils ont créé un Barème de l’arbre, qui se présente comme un outil en ligne accessible gratuitement et pour tous, particuliers ou collectivités. Baptisé VIE (pour Valeur Intégrale Évaluée de l’arbre), ce barème permet "de conférer à l’arbre un montant financier qui constitue un élément d’appréciation et de débat, tout en veillant à ne jamais réduire les arbres à cette seule valeur monétaire".  

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