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Egypte: les journalistes sommés de dire la vérité officielle sous peine d’amende

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi ne veut plus voir étaler dans la presse des chiffres qui contredisent les bilans officiels. Tout contrevenant se voit passible d’une amende pouvant aller de 23.000 à 58.000 euros.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 1min
Le journaliste Mohamed Fahmy s'adressant au juge, le 12 février 2015 au Caire  (Mohamed El Shahed/AFP)

Il l’avait promis, il l’a fait. Au lendemain de l'assassinat le 29 juin du procureur général Hicham Barakat dans un attentat spectaculaire au Caire, Abdel Fattah al-Sissi avait promis une législation plus dure «pour lutter contre le terrorisme». Ce nouveau dispositif, décrété dimanche par le chef de l'Etat en l'absence  de l'élection d'un Parlement, vise aussi bien l’opposition que les médias.


Dans cette nouvelle loi d’exception, un article a attiré l’attention des observateurs. La loi controversée, publiée au journal officiel, instaure une amende pouvant aller de 200.000 à 500.000 livres égyptiennes (entre 23.000 et 58.000 euros) pour toute personne diffusant ou publiant de «fausses» informations sur des attentats ou attaques. Un dispositif qui vise aussi les réseaux sociaux, dans lesquels les voies dissidentes sont très actives.
 
L’article cible les journalistes et leurs médias, y compris étrangers, qui rapporteront des  informations contredisant les communiqués et bilans officiels en cas  d'attentats ou d'attaques. Lors des opérations de l’Etat islamique le 1er juillet 2015, les médias étrangers avaient annoncé la mort de 21 soldats, contredisant le bilan officiel qui était beaucoup minoré.
 

Pour les défenseurs des libertés, cette loi a pour but d'intimider les  médias internationaux très présents au Caire et d'achever de museler une presse égyptienne, déjà quasiment à la botte du régime. «C'est une catastrophe de voir l'Etat promulguer une telle loi dans un climat chargé de revanche», avait déploré Gamal Eid, qui dirige l'ONG égyptienne Arabic Network for Human Rights Information.

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