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Des maladies d’un autre âge toujours actives au 21e siècle

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié
Chaque année, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) nous annonce le retour d'une maladie que l'on croyait définitivement disparue de la surface du globe.

Bactéries, virus, parasites… les raisons de leur présence, selon les continents, sont multiples: crise migratoire en Europe, camps de réfugiés insalubres, bactéries résistantes aux antibiotiques, difficultés d’accès aux soins des populations les plus pauvres, parents anti-vaccin… Petit point sur les dix maladies dont le retour a marqué les esprits.

Selon les historiens, 200 millions d'humains seraient morts de la peste. Au 14e siècle, cette maladie en a tué environ 50 millions, décimant 30 à 50% de la population européenne en cinq ans (1347 et 1352). Grâce à l’arrivée des antibiotiques, elle a pratiquement été éradiquée dès les années 30. En France, il faudra attendre la fin de la Seconde guerre mondiale pour la voir disparaître. Mais comme l'explique l'Institut Pasteur, «une des caractéristiques des épidémies de peste est leur capacité à s’éteindre pendant plusieurs années avant de réapparaître brutalement sous forme épidémique.» Il existe deux formes de maladies, la peste bubonique (peste noire), la plus répandue, et la peste pulmonaire, la plus contagieuse et la plus mortelle. Aujourd’hui elle sévit principalement en République démocratique du Congo, au Pérou et à Madagascar, le pays le plus touché dans le monde. En 2015, des cas ont été recensés en Californie. Au total, quelque 2.000 malades sont déclarés chaque année dont 90% en Afrique.  (REUTERS / California Department of Public Heal)
Depuis plusieurs années, on observe une recrudescence des cas de rougeole, alors que la vaccination des enfants, dès les années 60, avait pratiquement permis de l’éradiquer. Mais elle est de nos jours controversée et remise en question. Selon les experts, depuis 2011, le nombre de personnes infectées «a été multiplié par 375, pour passer (en 2015), la barre des 35.000». Plus de 22.000 cas ont été rapportés sur le continent européen en 2014. Une épidémie de rougeole sévit depuis cette date en Bosnie-Herzégovine et en Serbie. Elle serait la source de l’épidémie européenne. Le même phénomène serait également observé en Amérique du Nord, où il n’y a jamais eu autant de cas de rougeoles (environ 640). Le nombre de nouveaux cas de rougeole est en augmentation en 2015 (une vingtaine au Canada depuis le début de l’année).  (REUTERS / Ali Owidha)
La gale est une maladie de la peau causée par un acarien microscopique qui peut entraîner de graves problèmes de santé. Si elle avait considérablement diminuée en France, 500 nouveaux cas sont recensés chaque jour. Hommes ou femmes, enfant ou adultes, riches ou pauvres tout le monde est impacté. Mais les personnes les plus démunies et celles qui n’ont pas accès aux soins sont les plus vulnérables, comme l’explique un médecin: «Ce n'est pas par manque d'hygiène ou parce qu'on ne se lave pas, car la gale touche tous les milieux sociaux. C'est parce que les gens ne peuvent pas se payer les traitements (…). Si les produits étaient remboursés, je pense que la gale serait éradiquée, mais parce que c'est bénin, tout le monde s'en moque.» (REUTERS / Pascal Rossignol)
La diphtérie est une maladie causée par une bactérie qui touche principalement les jeunes enfants. Avant 1930, elle était l’une des premières causes de mortalité infantile. Une campagne de vaccination mondiale a pu l’endiguer, mais en 2015 après 30 ans d’absence, elle est réapparue en Espagne où 5% de la population n’est pas vaccinée. Entre 2015 et début 2016, plusieurs cas ont été également détectés en Haïti car les centres de santé n’avaient pas pu être ravitaillés en vaccins. (KATERYNA KON / SCIENCE PHOTO LIBRA / KKO / Science Photo Library)
Au 19e siècle, la syphilis est la grande maladie de l’époque. Rien qu’en 1860, 120.000 personnes en succombent. Sexuellement transmissible, elle était très présente dans les maisons closes. En France, elle a fait un retour très remarqué en 2000. Les homosexuels en sont les principales victimes. Entre 2012 et 2014, le nombre de cas recensés a augmenté de 50%. Selon les spécialistes de la santé, la progression est constante avec près de 500 nouveaux cas par an. On n’en meurt plus aujourd’hui. Le préservatif reste un des meilleurs moyens pour lutter contre sa transmission.  (CCI / The Art Archive / Le Picture Desk)
La coqueluche est une infection des voies respiratoires. 195.000 personnes y succombent chaque année, principalement des nourrissons. 16 millions de personnes sont contaminées dans le monde. Les pays développés pensaient l’avoir totalement éradiquée, mais comme l’explique l’Institut Pasteur, «les vaccins de dernière génération dits acellulaires sont au moins aussi efficaces que les vaccins de première génération. Malheureusement, leur efficacité dans le temps est beaucoup plus limitée et expliquerait en grande partie la résurgence de la maladie dans les pays à haute couverture vaccinale.» (VOISIN / PHANIE)
La scarlatine est une maladie très contagieuse qui touche principalement les enfants de 3 à 8 ans. Si elle n’est plus mortelle grâce aux antibiotiques, elle peut en revanche entraîner de graves complications aux niveaux articulaire, cardiaque et rénal. Mais la bactérie au fil des années s’est modifiée et est devenue plus résistante aux traitements à large spectre, comme la pénicilline. En 2015, elle a fait un retour au Royaume-Uni, où on a recensé 12.000 cas. Des taux jamais atteints depuis 1960. Il n’existe pas de vaccin, mais ceux qui ont croisés sa route sont immunisés. En France, seul quelques cas ont été recensés cette année. (AFP / BSI)
Si la dysenterie frappe surtout l’Asie et l’Afrique, le bacille serait d’origine européenne, transmis à travers les flux migratoires et les opérations militaires. Elle se propage principalement par l’eau contaminée et provoque diarrhées, saignements et déshydratation. Si la maladie n’existe pratiquement plus dans les pays industrialisés où l’assainissement de l’eau est généralisé, 99% des souches sont devenues résistantes aux antibiotiques. (REUTERS / Andrea Campeanu )
Au 19e siècle, la tuberculose est considérée comme la maladie du siècle. Mais dès les années 50, les progrès de la médecine et des mesures d’hygiène dans les pays développés la font nettement reculer. Selon l’OMS, «près d’un tiers de la population mondiale est contaminée par le bacille tuberculeux. Mais seule une petite proportion des personnes infectées tomberont effectivement malades…» Provoquée par une bactérie, le bacille de Koch, la maladie infecte près de 10 millions de personnes chaque année. Deux millions en meurent. Le taux de mortalité a reculé de 47% entre 1990 et 2015. En France, la Seine Saint-Denis est particulièrement touchée. Comme l’explique l’Institut de veille sanitaire, «le risque plus élevé de maladie chez les personnes récemment arrivées en France pourrait être lié à leurs conditions de migration et de vie en France. Les données en population générale montrent ainsi que la proportion des ménages immigrés habitant dans un logement de mauvaise qualité est plus élevée que chez des ménages non immigrés, et qu’ils sont aussi plus touchés par la pauvreté en termes de conditions de vie.» Il faut souvent plusieurs antibiotiques pour soigner un malade mais certaines souches sont multi-résistantes et en pleine expansion (près de 500.000 personnes touchées en 2014). Les personnes séropositives, fragilisées, sont particulièrement touchées. (AFP)
Pendant près de 1000 ans, la poliomyélite plus communément appelé polio a fait des millions de victimes, mais grâce à la découverte d’un vaccin en 1952 la maladie a pratiquement disparu. En 2003, l’OMS avait de nouveau tiré le signal d’alarme car une recrudescence était apparu au Nigeria et au Tchad où une rumeur avait fait courir que le vaccin rendait stérile. Ces dernières années, l’Afghanistan et le Pakistan ont connu une recrudescence préoccupante car de nombreux leaders islamistes dénonçaient la vaccination comme un «outil de contrôle occidental». En 2016, le virus est pratiquement éradiqué. Depuis 1988, 2,5 milliards d’enfants ont été vaccinés. «Il faut rester très attentifs, bien sûr, mais nous pensons que nous sommes sur le point d’atteindre ce moment où la transmission du virus sera tout à fait interrompue ; probablement à la fin de cette année, ou à la fin de l’hiver début 2017», explique l’OMS. (AFP PHOTO / BEN SIMON)

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