Des heurts ont éclatés jeudi à Téhéran en marge des cérémonies de la Révolution islamique de 1979
Au moins 30 personnes ont été arrêtées, selon l'opposition. Des sites internet ont fait état d'interventions des forces de sécurité contre des leaders de l'opposition et ont évoqué des tirs contre des opposants regroupés dans Téhéran.
Les médias officiels n'ont fait aucune mention des affrontements et des arrestations.
La télévision publique a parlé de "dizaines de millions de personnes" présentes aux rassemblements officiels travers le pays, qui compte 70 millions d'habitants.
Le président Mahmoud Ahmadinejad en a profité pour annoncer, devant une mer de partisans massés place Azadi (Liberté), dans le centre de Téhéran que l'Iran était désormais à même d'enrichir de l'uranium à plus de 80%, soit près du niveau nécessaire, d'après les experts, pour fabriquer une bombe atomique.
"La nation iranienne a assez de courage pour annoncer publiquement qu'elle a fabriqué des armes nucléaires, si tel est le cas un jour, et cela sans avoir peur de vous", a-t-il lancé en s'adressant à l'Occident, qui soupçonne Téhéran de vouloir mettre au point de telles armes. Les Iraniens assurent, pour leur part, que leur programme nucléaire est purement civil.
"Lorsque nous disons que nous ne mettrons pas au point de bombes atomiques, cela veut dire que nous ne le ferons pas parce que nous n'en voulons pas!", a-t-il ajouté.
La télévision nationale a montré en direct une foule de plusieurs centaines de milliers de personnes hérissée de drapeaux iraniens et de portraits du guide suprême de la Révolution islamique, l'ayatollah Ali Khamenei.
L'opposition malmenée
Les forces de l'ordre ont tiré des coups de feu et des cartouches de gaz lacrymogène contre des partisans de l'opposant Mirhossein Moussavi, regroupés en d'autres points du centre de la capitale. C'est ce qu'a annoncé un site de l'opposition, La Voix verte de l'Iran (Iran Green Voice).
Mirhossein Moussavi, un ancien Premier ministre du temps du début de la Révolution, devenu l'emblème du camp réformateur après la présidentielle du 12 juin dernier, a pris part à l'un des rassemblements de l'opposition, écrit ce site.
Selon le site d'opposition Kaleme, l'épouse de Moussavi, Zahra Rahnavard, a été passée à tabac jeudi par des agents en civil équipés de matraques. Les autorités n'ont pas faire de déclaration à ce sujet.
Selon un autre site réformateur, Jaras, des membres des forces de sécurité s'en sont pris à un autre dirigeant de l'opposition, Mehdi Karoubi, ainsi qu'à l'ex-président réformateur Mohammad Khatami. Les vitres de la voiture de Karoubi ont été brisées mais l'opposant n'a pas été gravement blessé.
En fin d'après-midi, le site Jaras rapportait que des heurts se poursuivaient dans un quartier de Téhéran appelé Ariashahr, et que des coups de feu avaient été tirés.
Des manifestations dans le reste du pays
Dans le reste du pays, Jaras a fait état de l'interpellation d'une centaine de jeunes manifestants à Mashhad, dans le nord-est du pays, où des heurts "limités" se sont produits avec les forces de sécurité.
A Shiraz, dans le sud de l'Iran, plus de 20 personnes ont été interpellées lorsque la police anti-émeute est intervenue pour empêcher la tenue d'un rassemblement d'opposition, ajoute le même site internet.
L'ex-Premier ministre Mirhossein Moussavi et l'ancien président du parlement Mehdi Karoubi, tous deux candidats malheureux contre Ahmadinejad à la dernière présidentielle, ainsi que Mohammad Khatami, le prédécesseur de celui-ci, avaient tous trois appelés les opposants à se mêler à la foule jeudi à Téhéran.
Toutes ces informations n'ont pu être vérifiées de source indépendante car les journalistes travaillant pour les médias étrangers ont, à Téhéran, été escortés jusqu'à la place Azadi, tenue par les partisans du pouvoir, et n'ont pas la liberté de couvrir les rassemblements de l'opposition, où que ce soit dans le pays.
De leur côté, le chef de la police Esmail Ahmadi-Moghaddam ne montre aucun signe d'inquiétude. "Nous sommes tout à fait prêts (...)Nous surveillons de près les activités du mouvement séditieux et plusieurs personnes qui se préparaient à troubler les rassemblements du 11 février ont été arrêtées", a-t-il déclaré.
La police, les gardiens de la Révolution et les miliciens bassidjis sont "prêts à répondre à tout incident le 11 février et ils ne laisseront personne créer l'insécurité", a-t-il ajouté.
L'UE condamne les manifestations anti-européennes
La Commission européenne a "fermement condamné" mercredi les manifestations d'hostilité organisées mardi devant plusieurs ambassades européennes à Téhéran, tandis que le Parlement européen faisait part de son "inquiétude".
Les Européens se consultent actuellement pour décider s'ils adoptent une position commune pour protester contre ces démonstrations d'hostilités qui ont visé les ambassades d'Italie, de France et d'Allemagne à Téhéran.
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