Des centaines de manifestants occupaient vendredi la place Tahrir dans le centre du Caire
Ils ont passé la nuit dans un village de tentes installées sur la place emblématique du soulèvement populaire qui a renversé le président Hosni Moubarak.
Vendredi, des manifestations ont rassemblé des dizaines de milliers d'Egyptiens qui demandent aux militaires au pouvoir de relancer les réformes.
Le départ du président Hosni Moubarak après 30 ans de pouvoir et une série de réformes n"ont pas suffi à convaincre la population, toujours assoiffée de démocratie.
Les manifestants réclament des procédures judiciaires contre les caciques de l'ancien régime accusés de meurtres et de corruption. Ils demandent aussi que les réformes démocratiques aboutissent.
Des manifestations ont été organisées notamment à Alexandrie, Suez, Ismaïliya. Elles étaient appelées par les mouvements de jeunes pro-démocratie et les partis laïcs, auxquels les Frères musulmans se sont associés.
A Charm el-Cheikh, sur la mer Rouge, des centaines de manifestants se sont rassemblés devant l'hôpital où se trouve Hosni Moubarak pour demander qu'il quitte la station balnéaire, où sa présence est accusée de nuire au tourisme.
Les Egyptiens reprochent aux militaires, à la tête du pouvoir, de récupérer ce mouvement initié par le peuple. Ils souhaitent surtout la fin de la corruption et l"arrêt des procès militaires pour les civils.
L'ancien secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa, qui entend se présenter à la prochaine présidentielle, a rejoint la manifestation place Tahrir et affirmé aux manifestants qu'il "soutenait leur demande légitime de procéder dans les plus brefs délais au jugement de l'ancien président Moubarak".
Les évènements de la place Tahrir auront fait près d'un millier de morts
Les affrontements qui ont duré dix-huit jours avant la chute de l'ex-raïs ont coûté la vie à 840 personnes. Le 28 janvier ou le "vendredi de la colère" a été l"un des épisodes les plus meurtriers de cette révolte.
Mercredi dernier, des centaines de personnes ont attaqué des bâtiments officiels à Suez, après la décision d'un tribunal de rejeter un appel contre la libération sous caution de dix policiers accusés d'avoir tué des manifestants l'hiver dernier.
Beaucoup de militants qui ont participé à la "révolution du Nil" reprochent au Conseil suprême des forces armées, qui dirige le pays depuis la chute d'Hosni Moubarak, de retarder les procès des représentants du régime déchu et la mise en œuvre des réformes.
"Les jours passent et l'inquiétude croît chez tous ceux qui aiment la nation car rien n'est fait contre la corruption", a déclaré dans un communiqué la Coalition des jeunes de la révolution, exigeant que tous les policiers ayant participé à la répression l'hiver dernier soient chassés, de même que les responsables actuels qui ont trahi leurs promesses.
En anticipant la manifestation de vendredi, le journal Al Ahram, propriété de l'Etat, avait rapporté jeudi que le gouvernement comptait limoger les gradés de la police impliqués dans la répression des manifestations de janvier.
Cité par Al Ahram, un responsable des services de sécurité a assuré que tous les policiers "coupables des événements pendant la révolution, en particulier ceux qui se sont déroulés le 28 janvier", seraient limogés.
Par ailleurs l"ex-adjoint de Moubarak, Omar Souleïmane, l'ancien chef des renseignements égyptiens devenu vice-président au cours des dernières semaines de la présidence d'Hosni Moubarak, ne briguera pas la tête de l'Etat lors du scrutin présidentiel prévu cette année.
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