«Profession reporters», paru aux éditions de La Martinière, nous propose de découvrir les coulisses d’une vie de reporter. Si l’idée en soi est déjà originale, elle est d’autant plus intéressante que nos deux reporters sont des femmes, Manon Quéroui-Bruneel et Véronique de Viguerie.
Etre femme «est une valeur ajoutée, surtout le binôme féminin. Parce qu’on bénéficie de la part de nos interlocuteurs, qui sont souvent des hommes, d’une certaine bienveillance teintée de paternalisme parfois. Ce qui nous permet de faire ce qu’on a à faire sans éveiller les soupçons. On a aussi accès aux femmes, ce qui n’est pas le cas des journalistes hommes dans les pays musulmans»,confiaient-elles au magazine Marie Claire.
Ces «baroudeuses en terrain miné» travaillent ensemble depuis plus de 10 ans, la première à l’écriture, la seconde comme photographe. Elles se sont rencontrées en Afghanistan, alors que Manon travaillait pour l'ONU et que Véronique était photographe free-lance.
Le livre est composé de leurs reportages publiés dans la presse (Marie Claire, Paris Match, Géo…), de portfolios dont de nombreuses photos inédites, de petits secrets, de bons conseils et de beaucoup d’humour. Comme elles l’expliquent, cet ouvrage n’est ni un recueil de mémoires, encore moins un manuel théorique sur leur profession, mais juste des témoignages, le partage d’expériences vécues. Un hymne d’amour au métier de reporter.
«On en avait déjà fait un il y a quatre ans, qui s’appelait Carnets de reportages du XXIe siècle. L’idée était de proposer le reportage tel quel et d’y ajouter tout ce qui ne trouve pas sa place dans les magazines, c'est-à-dire les coulisses et la préparation. Dans un magazine, les sujets sortent et s’oublient. Dans un livre, ils restent. On avait envie de garder une trace de nos reportages et de les partager»,expliquent-elles au magazine Photo.
A bord d'un chalutier, à dos d’âne ou en 4x4, de l’Afghanistan à la Syrie, des sommets de l’Himalaya au Sahara occidental, tous les moyens sont bons pour pouvoir se rendre là où l’action se déroule, là où leurs cœurs et leur soif d’ailleurs les conduisent. Voir et savoir.
«A rebrousse-poil du mythe du baroudeur en gilet multipoche, un peu mythomane, un peu alcoolique, mais toujours triomphant, nous avons pris le parti de ne rien cacher de nos erreurs, de nos regrets et de nos manquements… Il y a beaucoup à tirer de ce décalage entre le vécu et la version publiée», précisent-elles.
Même si elles ne cachent pas une certaine addiction à l’adrénaline, ces journalistes indépendantes ne sont en rien des têtes brûlées. Elles qui «étaient amies avant d’être collègues», aujourd’hui mères de familles, racontent que parfois c’est «compliqué de passer, sans état d'âme, des couches aux balles». Mais malgré le danger toujours présent, elles n’hésitent pas à prendre de nombreux risques pour exercer leur métier. Passionnément.
Ces «rapporteuses d’histoire» qui ont été «successivement putes russes dans un bordel de Damas, épouses de talibans dans la vallée de Swat, touristes à Grozny, ou encore acheteuses de terres rares en Mongolie-Intérieure», présentes le samedi 10 octobre 2015 au Prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre pour parler de leur travail, ont de nombreuses fois été récompensées.
Géopolis vous propose de découvrir quelques photos, réflexions, écrits tirés des huit reportages présentés dans leur ouvrage.
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