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La Corée du Nord a-t-elle acheté ses moteurs de missile en Ukraine ?

Selon un rapport publié lundi par l'International institute for strategic studies, Pyongyang aurait acheté sur le marché noir ses moteurs de missile.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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La Corée du Nord a opéré avec succès deux tests de missiles intercontinentaux ces dernières semaines. (TORU HANAI / REUTERS)

C'est une thèse étonnante. La Corée du Nord aurait réalisé ses progrès spectaculaires en matière de balistique grâce à des moteurs d'une entreprise ukrainienne probablement obtenus sur le marché noir, selon une étude publiée lundi 14 août par l'International institute for strategic studies (en anglais).

Le groupe de réflexion britannique a cherché à comprendre comment, en l'espace de deux ans, la Corée du Nord avait réussi à aligner un nouveau type de missile à portée intermédiaire, le Hwasong-12, et son grand-frère le Hwasong-14, un missile balistique intercontinental (ICBM) testé avec succès à deux reprises ces dernières semaines.

Aucun autre pays n'a fait la transition d'une capacité de moyenne portée à un ICBM en une période aussi courte

Michael Elleman, auteur de l'étude

Le savoir-faire nord-coréen insuffisant

Pour lui, la réponse est simple : "La Corée du Nord s'est procuré un moteur à carburant liquide de haute performance venant d'une source à l'étranger." "Il est probable que ces engins viennent d'Ukraine, probablement de manière illégale", souligne le spécialiste dans une interview au New York Times (en anglais). "La question est de savoir combien ils en ont et si les Ukrainiens les aident. Je suis très inquiet", ajoute t-il.

Dans une longue démonstration très détaillée, ce spécialiste des missiles arrive, en procédant par élimination, à la conclusion que le type de moteur utilisé par Pyongyang ne peut avoir été modifié que dans les usines du groupe russe Energomash et de l'entreprise ukrainienne KB Ioujnoïe. Il est clair selon lui que les ingénieurs nord-coréens n'ont pas le savoir-faire pour modifier ce moteur, le RD-250, tel qu'il est utilisé sur les lanceurs de Pyongyang.

L'entreprise dément, le gouvernement aussi

Le New York Times souligne pour sa part que les services de renseignement et les experts concentrent leur enquête sur une usine ukrainienne connue sous le nom de Ioujmach, qui a une longue expérience en matière de moteur de fusée et qui aurait des difficultés financières depuis la chute du gouvernement prorusse en 2014. L'entreprise a très fermement démenti lundi ces informations dans un communiqué : "Ioujmach n'a jamais eu et n'a aucun lien avec le programme de missiles nord-coréens qu'il soit de nature spatiale ou pour la défense".

Olexandre Tourtchinov, secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense ukrainien, qui dépend directement du président ukrainien, a lui aussi formellement démenti. Michael Elleman souligne d'ailleurs dans son étude que ces engins ont pu être obtenus sur le marché noir à l'insu du gouvernement, grâce aux liens établis de longue date par les Nord-Coréens en ex-Union soviétique.

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