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"On continue à les opérer" : trois semaines après la fin des combats au Haut-Karabakh, des milliers de soldats arméniens restent hospitalisés

Après la fin des combats, le plus grand hôpital d'Erevan en Arménie soigne ses blessés. Ils sont des milliers, même si le pays ne communique pas sur le bilan humain du conflit. 

Article rédigé par Eric Biegala
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le Premier ministre arménien rend visite à des blessés après le conflit dans le Haut-Karabakh, le 23 octobre 2020. (TIGRAN MEHRABYAN / ARMENIAN GOVERNMENT)

Au Haut-Karabakh, les combats se sont arrêtés depuis le cessez-le-feu du 9 novembre et les Arméniens ont commencé à rétrocéder à l'Azerbaïdjan certains territoires pris en 1994. Depuis, plusieurs milliers de blessés arrivent à Erevan, la capitale arménienne, pour se faire soigner, même si le nombre total de victimes de guerre, morts et blessés, est encore un secret d'Etat en Arménie. 

Des blessés atteints par le Covid-19 

A l'hôpital Erebuni, le plus important du pays, on ne donne pas de chiffre mais le docteur Georges Abkarian, médecin réanimateur français venu prêter main forte, lâche quelques détails édifiants : "Il y a des soldats qui sont venus avec des blessures et qui avaient le covid. On s'est battus contre le coronavirus et les blessures." L'heure n'est plus à la chirurgie d'urgence mais à la réhabilitation des blessés poursuit-il. "Il y a beaucoup de séquelles, on continue à les opérer. Il y a une équipe qui arrive ce soir avec des orthopédistes et des plasticiens. On essaye de les réopérer pour une meilleure rééducation après."

Garo, 27 ans, a été victime d'un tir de drone turc. Il est bandé de la tête aux pieds et il arrive à peine à relever la tête pour parler. "Nous étions assis dans le camion et on n'a rien entendu venir. J'ai juste vu des flammes et de la chaleur. Mes deux mains, la tête et une grande partie de mon corps ont été brûlés." Les blessures de Garo seront longues à soigner, sans doute plus longue qu'il n'est d'usage. La situation est similaire pour Gevork, âgé de 19 ans. "On m'a fait une greffe sur ma cuisse mais malheureusement elle n'a pas pris. La semaine prochaine, on doit renouveler l'intervention."

De possibles victimes de bombes au phosphore 

Pour le docteur Karine Babayan, chirurgien en chef du centre des grand brûlés d'Erevan, ces hommes ont probablement été touchés par des bombes incendiaires. "On suppose qu'ils ont utilisé des armes chimiques", avance-t-elle en évoquant des bombes au phosphore qui provoquent des brûlures plus difficiles à soigner. "Le développement de la maladie est atypique et le processus de rétablissement est plus lent." La France vient d'acheminer 30 tonnes d'aide médicale et quelques médecins pour épauler les équipes médicales arméniennes mais ce n'est pas sûr qu'elles puissent efficacement aider les victimes des bombes au phosphore.

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