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Comment le site WikiLeaks a-t-il obtenu les 250.000 notes du département d'Etat américain dévoilées depuis dimanche ?

Les soupçons se portent sur un jeune soldat idéaliste, Bradley Manning, 23 ans, arrêté en mai après la diffusion par WikiLeaks d'une vidéo montrant une bavure de l'armée américaine en Irak.Inculpé en juillet de huit chefs d'inculpation criminels et de quatre violations du règlement militaire, il encourt 52 ans de prison.
Article rédigé par France2.fr avec AFP
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Bradley Manning, le jeune soldat américain soupçonné d'avoir livré des milliers de notes à Wikileaks. (AFP - Facebook)

Les soupçons se portent sur un jeune soldat idéaliste, Bradley Manning, 23 ans, arrêté en mai après la diffusion par WikiLeaks d'une vidéo montrant une bavure de l'armée américaine en Irak.

Inculpé en juillet de huit chefs d'inculpation criminels et de quatre violations du règlement militaire, il encourt 52 ans de prison.

Les responsables gouvernementaux sont persuadés que les fuites, que ce soit la dernière en date ou celle concernant les notes militaires sur l'Irak et l'Afghanistan, proviennent de la même source, le SIPRNet (Secret Internet Protocol Router Network).

Le réseau SIPRNet est un système destiné à un meilleur partage des informations entre les différentes branches du gouvernement américain -département d'Etat et Pentagone.
Il permet aux responsables de la sécurité nationale américaine d'avoir accès aux documents confidentiels, hors ceux classés top secret.

En tant qu'analyste de renseignement, Bradley Manning avait accès à quantité de données via ce SIPRNet.

Dans des conversations sur internet avec un célèbre pirate informatique, Adrian Lamo, révélées par le magazine Wired, le jeune Manning s'épanche, affirmant que "quelqu'un" qu'il connaissait très bien avait "transféré des données de réseaux classifiés" et les avait transmises à "un Australien aux cheveux blancs", Julian Assange, cofondateur de WikiLeaks.

Ce "quelqu'un" en question n'était autre que Manning lui-même, qui transférait ces données sur des CD qui contenaient auparavant des chansons de la chanteuse pop Lady Gaga.

"Hillary Clinton et des dizaines de milliers de diplomates dans le monde vont avoir une crise cardiaque un matin quand ils se réveilleront et découvriront qu'un répertoire complet de documents classifiés sur la politique étrangère est accessible" à tous, écrit-il à Lamo, qui le dénoncera aux autorités.

Quelles étaient les motivations de Bradley Manning ?
Natif de l'Oklahoma (sud), Bradley Manning a rejoint les rangs de l'armée en 2007 après une enfance passée à subir les quolibets de ses camarades, en raison de son côté "intello" et de son homosexualité.

Mais très vite, sur sa base des environs de Bagdad, le première classe découvre la rudesse des règles du Pentagone, en particulier la loi "don't ask, don't tell", (ne rien demander, ne rien dire), qui oblige les homosexuels à taire leur orientation sexuelle, sous peine de devoir quitter l'armée. (Il est actuellement question d'abolir cette loi en vigueur depuis 1993). Bradley s'opposait ouvertement à cette loi et en parlait à ses amis. Une loi contre laquelle Lady Gaga a donné de la voix en septembre.

Selon Jeff Paterson, qui dirige le comité de soutien de Manning, ce dernier "pourrait s'être identifié aux peuples d'Irak et d'Afghanistan qui ont souffert de la politique guerrière du gouvernement" américain. "En partie car il ressent lui-même les mêmes choses, en tant que membre d'une minorité injustement traitée au sein de l'armée américaine et de la société américaine en général".

Pour certains de ses proches interrogés cet été par le New York Times, Bradley Manning pourrait avoir été motivé par "son désespoir de se faire accepter".

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