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Climat-ONU: la longue marche vers une gouvernance mondiale
171 pays ont signé le 22 avril 2016 à New York l’accord de Paris sur le climat. Cette ratification massive, rarement vue dans l’histoire des conventions internationales, jette les bases d’une gouvernance mondiale sur le climat. Cette prise de conscience de l’urgence écologique esquisse, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, la possibilité d'une gouvernance planétaire.
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L’accord sur le climat adopté le 12 décembre 2015 à Paris lors de la COP21 est ouvert à la signature depuis le 22 avril 2016. Ce traité entrera en vigueur après la ratification d’au moins 55 pays représentant 55% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Ces chiffres seront largement dépassés puisque 171 Etats se sont dits favorables à cet accord rédigé en huit langues. Un record de signatures depuis la convention sur les océans adoptée à ce jour par 119 pays. «C'est un moment d'histoire. Jamais auparavant un aussi grand nombre de pays n'avait signé un accord international», a déclaré Ban Ki-moon en français à la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU. Cet engouement est le signe d’une véritable prise de conscience mondiale. Malgré les intérêts divergents, beaucoup ont compris qu’aucune partie du monde n’est à l’abri du désastre écologique qui menace.
Il aura fallu près de 40 ans de débats et de polémiques pour établir un diagnostic commun et un plan d’action mondial. 20 ans depuis le premier cri d’alarme lancé par le club de Rome en 1973 jusqu’au sommet de Rio en 1992, première réunion de l’ONU consacrée à la question climatique. En septembre 2002 au sommet de la terre de Johannesburg, le président Chirac lançait son célèbre cri: «Notre maison brûle et nous regardons ailleurs.»
Il faudra attendre 2005 pour que le protocole de Kyoto, premier accord international sur le climat ne commence à s’appliquer. Il ne concerne que 37 pays industrialisés, les Etats-Unis, alors plus gros émetteurs de gaz à effet de serre, ne l’ont jamais ratifié. Enfin, l’accord de Paris, préparé durant un an par le gouvernement français et quelque 10.000 personnes, entrera en application en 2020.
Une communauté internationale solidaire
La mise en œuvre de l’accord sur le climat nécessitera encore une forte mobilisation contre les oppositions prévisibles et des défections, mais beaucoup y voient le début de l’émergence d’une «communauté mondiale solidaire».
Pour la première fois, pays pauvres, émergeants et riches ont admis être sur le même bateau et sur la même planète. Ils ont pris des engagements sérieux et vérifiables contre le réchauffement climatique, mais le climat n’est qu’un aspect d’un problème plus global de survie de l’humanité, qui a pour noms biodiversité, déforestation, surpêche, ressource en eau, pandémie mondiale etc.
Biodiversité : la sixième extinction
La prise de conscience sur l’effondrement de la biodiversité est beaucoup moins avancée. Ce n’est pas simplement la très visible disparition des grands singes, des ours blancs ou des rhinocéros, mais la réduction importante du nombre d’abeilles. La baisse massive du nombre d’abeilles inquiète ceux qui en comprennent les risques pour la pollinisation, dont les abeilles sont un des principaux vecteurs, et donc pour l’alimentation humaine. Déjà en Californie, maintenir la pollinisation des vergers nécessite de transporter des abeilles sur des centaines de kilomètres. L’effondrement de la biodiversité devrait bel et bien devenir une urgence, au même titre que le changement climatique.
Selon de nombreux spécialistes, les espèces animales et végétales disparaissent à un rythme inédit depuis 65 millions d’années, d’où le terme de «sixième extinction». Il faudrait une volonté de fer pour inverser ce phénomène, qui résulte de l’augmentation de la population mondiale, amplifié par urbanisation galopante, la déforestation... A Nagoya, au Japon, en 2010, près de 190 pays à l’exception notable des Etats-Unis ont adopté un plan pour freiner d’ici à 2020, le rythme de la disparition des espèces et la création en 2017, d’une agence pour la biodiversité. Mais de l’avis des experts, ce plan déjà insuffisant n’est pas soutenu par une mobilisation comparable à celle de ces derniers mois sur le climat.
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