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Chypre : les Européens ouverts à un aménagement de la taxe sur les dépôts

Paris, Berlin et la BCE ont donné leur feu vert à des amendements destinés à alléger le coût de cette mesure pour la population. A une condition : que Chypre fournisse les 5,8 milliards d'euros attendus. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le président de Chypre, Nicos Anastasiades, et la chancelière allemande, Angela Merkel, durant les négociations du plan d'aide, le 15 mars 2013 à Berlin. (BERTRAND LANGLOIS / AFP)

Chypre peut bien faire ce qu'elle veut, pourvu que le compte y soit. C'est en substance le message envoyé, lundi 18 mars, dans plusieurs capitales européennes, à propos d'un aménagement éventuel de la taxe sur les dépôts bancaires. 

Cette dernière, partie intégrante du plan de sauvetage international de l'île, provoque l'indignation de la population, qui voit ses économies ponctionnées sans préavis. Pour trouver un compromis équitable, les taux initialement annoncés (6,75% en dessous de 100 000 euros et 9,9% au-delà) pourraient être revus. Certains évoquent notamment une exonération pour les petits dépôts, qui serait compensée par un taux plus élevé sur les comptes très bien garnis.

Alors que les ministres des Finances de l'Eurogroupe doivent s'entretenir lundi de la situation à Chypre, les dirigeants européens semblent globalement ouverts à un tel aménagement.

"Comment Chypre finance sa contribution, c'est son affaire"

"Si Chypre choisissait, tout en respectant l'enveloppe globale de sa contribution au plan, une répartition différente pour mieux protéger les petits dépôts, il faut l'écouter et à mon sens, l'entendre", a expliqué lundi le ministre des Finances français, Pierre Moscovici. Même son de cloche à Berlin, où Steffen Seibert, porte-parole de la chancelière Angela Merkel, a déclaré, lundi : "Comment [Chypre] finance sa contribution, comment il la répartit, c'est l'affaire du gouvernement chypriote." 

Le chef du gouvernement autrichien, le social-démocrate Werner Faymann, a pour sa part directement plaidé pour une réponse qui protège "les petites gens et les personnes avec des revenus moyens".

De son côté, la Banque centrale européenne (BCE), en première ligne dans les négociations avec Chypre, a  donné son feu vert à des amendements, du moment que les autorités de l'île respectent le montant global de leur contribution au plan d'aide, soit 5,8 milliards d'euros. "Si le président chypriote veut changer quelque chose à la taxe sur les dépôts, c'est entre ses mains, il devra juste s'assurer que le financement est intact", a expliqué Jörg Asmussen, membre allemand du directoire de la BCE.

Moscou fustige une décision "injuste et dangereuse"

Seule voix dissonante, celle de la Russie, furieuse de la décision européenne. Et pour cause : la taxe représente des milliards d'euros pour les fortunes russes qui ont placé leur argent sur l'île. Moscou, soucieuse de lutter contre la fuite des capitaux, était dans un premier temps favorable au projet de taxe. Mais l'addition serait finalement jugée trop salée, comme l'explique Le Figaro.

Le président russe, Vladimir Poutine, a déclaré que l'instauration de cette taxe était "injuste, non professionnelle et dangereuse", selon le porte-parole du Kremlin, et le Premier ministre Dmitri Medvedev a estimé que l'idée s'apparentait à "une confiscation de fonds étrangers". Mais Moscou n'a qu'un impact limité dans les négociations, le plan étant financé, en dehors de la taxe, par le Fonds monétaire international (FMI) et la zone euro.

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