Banques fermées à Chypre : comment les habitants font face
Alors que la fermeture des banques a été prolongée jusqu'à mardi, les files d'attente s'allongent devant les distributeurs de billets. L'inquiétude grandit.
Cher banquier, quand te reverrai-je ? Pour le sixième jour consécutif, les banques chypriotes sont restés fermées, jeudi 21 mars. Aucune agence n'ouvrira avant mardi prochain, a même précisé le gouvernement, faute d'accord sur un plan de sauvetage européen. Cette fermeture prolongée des banques suscite l'inquiétude des habitants et porte un nouveau coup aux entreprises, déjà fragilisées par la récession dans laquelle le pays est plongé.
"On ne peut rien faire, sauf retirer un peu d'argent dans les distributeurs", explique à francetv info l'envoyé spécial de France 2 à Nicosie, Alban Mikoczy. "Les sommes semblent plafonnées, avec un montant qui varierait selon les jours, et serait de 260 euros aujourd'hui", précise-t-il. La veille, Le Figaro (article payant) évoquait le chiffre de 400 euros. Le reste des opérations (approvisionnements, prélèvements, conversion de devises, etc.) est impossible, même par internet.
Menaces sur l'emploi
"On ne peut pas acheter, on ne peut pas vendre", résume à l'AFP Costakis Sophoclides, directeur d'une société de produits surgelés, qui n'arrive plus à fournir ses clients restaurateurs et hôteliers. Il paie d'habitude ses fournisseurs étrangers en se rendant à la banque pour faire des virements, ce qui lui est désormais impossible et le prive de ses livraisons. "J'ai 25 employés qui travaillent actuellement mais, la semaine prochaine, si je n'ai plus de stocks, qu'est-ce qu'ils vont faire ?", s'inquiète-t-il.
Devant les distributeurs, "les files d'attente se sont soudainement allongées aujourd'hui", rapporte à francetv info un journaliste en poste à Nicosie. Ce week-end, de nombreux habitants s'y étaient déjà rués, paniqués à l'idée de perdre leurs économies. Les réapprovisionnements se font depuis au compte-gouttes.
"Politique de l'autruche"
Inquiets de ne pas pouvoir payer leurs prêts, leurs factures ou leur loyer avant la fin du mois, "les habitants en ont marre de cette politique de l'autruche", note ce journaliste. "Le gouvernement a certes peur que les gens retirent tout leur argent d'un coup et le placent ailleurs, mais il va bien falloir faire face au problème", estime-t-il. Un problème d'autant plus grave pour les personnes, souvent âgées, qui ne possèdent pas de carte bancaire et doivent s'en remettre à la solidarité de leurs proches.
A Nicosie comme ailleurs, "l'activité tourne au ralenti", constate Alban Mikoczy, qui a rencontré une commerçante dans son magasin. "Les gens ne sortent plus de chez eux, pour ne surtout pas dépenser d'argent", analyse-t-elle. Les paiements en espèces et par carte restent toutefois possibles, comme dans les restaurants, pas encore désertés.
A Chypre, la retour à la normale passe désormais par un plan de sauvetage accepté par le Parlement, dès que possible. "Plus la fermeture des banques se prolonge, plus l'incertitude s'accroît", a prévenu un responsable du réseau des banques coopératives, cité par l'agence chypriote CNA. Une chose est sûre : la solution ne passera pas par une taxe sur les dépôts bancaires, rejetée lundi par les parlementaires et jeudi par les responsables des partis chypriotes.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.