Soigner tous les Chinois: le défi de Pékin
Le 6 octobre 2016, Li Keqiang annonçait vouloir «renforcer le développement des données médicales». Il s’agit, selon le Premier ministre chinois, d’«une tâche urgente. C’est également un projet important pour le bien-être du public, dans le contexte d'un besoin croissant pour la santé et les services médicaux.»
Ces propos, rapportés par le China Daily, mettent l’accent sur l’importance d’une réforme coordonnée des soins médicaux en Chine, où les dépenses générales de santé représentent quelque 5% du PIB.
Le 8 juin, le Premier ministre appelait de ses vœux la construction d'une plateforme de données sanitaires et médicales à travers le pays pour fournir de meilleurs services médicaux pour le public et promouvoir le développement de la santé et de l'industrie médicale.
Derrière ces propos se cache une réalité : malgré une réforme entérinée en 2009, le système de santé chinois doit subir un véritable lifting. Car si les conditions sanitaires se sont globalement améliorées depuis le début des années 80, des inégalités dans l’accès aux soins et à la couverture maladie persistent dans l’Empire du Milieu. Selon le site Asialyst, «l’évolution du modèle économique du collectif au privé a creusé les écarts entre les régions côtières et les provinces enclavées, entre les villes et les campagnes. Et plus récemment, entre les différentes couches socioprofessionnelles.»
En juillet 2016, une nouvelle étude menée par la Banque mondiale, l’OMS et trois organismes chinois recommandait à la Chine d’intensifier sa réforme pour améliorer ses services et réduire les coûts. Comment? En mettant en œuvre des réformes et innovations institutionnelles, adoptant un système de prestation de services à plusieurs niveaux, en recourant plus aux services de proximité et moins aux soins hospitaliers.
Si depuis 2009, les choses ont avancé dans ces domaines, augmentant l’espérance de vie des Chinois, de nombreux défis restent à relever. Car le pays va devoir tenir compte de plusieurs facteurs pour réformer: démographique (il pourrait y avoir plus de 450 millions de sexagénaires en 2050), infectieux, chroniques et environnementaux. Tuberculose, VIH, hépatite B, cancers sont en hausse. Dans le même temps, tabagisme, pollution et évolution des modes de vie génèrent de graves problèmes de santé publique.
La réforme a pour but d’étendre la couverture maladie à toute la population d’ici à 2020, d’amener une offre sanitaire de qualité dans toutes les zones du pays, de développer les soins de proximité, en formant notamment plus de généralistes et en rémunérant mieux les acteurs de santé ; et aussi de faciliter l’accès aux médicaments de base en lien avec l’industrie pharmaceutique et de moderniser les hôpitaux publics.
Un vaste chantier, donc. Dont la mise en œuvre est délicate. Une partie des provinces ont une certaine autonomie sanitaire, les inégalités sociales continuent de se creuser et les soins et médicaments restent onéreux pour une partie de la population.
Un chantier qui devrait cependant «payer» en termes de bénéfices pour les habitants. Et aussi pour les finances publiques. En effet, selon l’étude menée en juillet, «en l’absence de réformes, ces dépenses (de santé) passeront (…) de 3500 milliards de yuans (469 M euros) en 2014 à 15.800 milliards (2,11 Md euros) en 2035, soit une augmentation moyenne de 8,4 % par an. Elles représenteraient plus de 9% du PIB en 2035, contre 5,6 % en 2014. Or, plus de 60% de la hausse projetée des dépenses de santé seraient dus à l’augmentation des services d’hospitalisation.»
Forte de son expérience dans le domaine, la France pourrait bien venir au secours des Chinois, selon le site Kaïssa (société de conseil santé). En effet, la réflexion pour réformer le système pourrait s’inspirer de ce qui se fait dans l’Hexagone. Plusieurs experts internationaux, parmi lesquels des Français, se sont ainsi rendus il y a quelques temps en Chine dans le cadre d’une mission d’expertise financée par la Banque Mondiale…
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