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Massacre d’éléphants en Afrique : le rôle crucial de la Chine

La Chine consomme les trois-quarts de l’ivoire provenant illégalement d’Afrique. Un trafic très juteux dénoncé par les défenseurs des animaux à l’occasion du Forum de coopération Chine-Afrique de Johannesburg. Ils exhortent Pékin à porter un coup d’arrêt à la demande de «l’or blanc» pour éviter l’extinction des éléphants africains.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le parc national de Serengeti en Tanzanie, l'un des sanctuaires des élephants sauvages en Afrique. (Photo AFP)

Regardez les efforts que la Chine déploie «pour sauver ses pandas géants», lance Philip Muruthi de l’ONG African Wildlife Foundation. «Nous plaidons auprès de gens qui savent de quoi on parle!», confie-t-il à l’AFP.
 
Pour lui, la Chine et l’Afrique détiennent les clés de l’avenir des éléphants sauvages d’Afrique. Ils ne sont plus que 470.000 en liberté contre 20 millions au début du XXe siècle. «Si la Chine n’est pas en pointe pour porter un coup d’arrêt à la demande d’ivoire, les éléphants d’Afrique pourraient disparaître d’ici à une génération», met en garde Douglas-Hamilton, fondateur de Save the Elephants.
 
Entre 20.000 et 40.000 éléphants sont tués chaque année en Afrique pour alimenter le marché de «l’or blanc» très prisé par les Chinois. Dans leur culture, les sculptures en ivoire témoignent de la richesse de leur propriétaire.

Le président chinois, Xi Jinping, visite un sanctuaire de la faune sauvage à Harare (Zimbabwe), le 2 décembre 2015. Il promet d'aider l'Afrique à protéger sa faune. (Photo AFP/Philimon Bulawayo)

Le prix de l’ivoire brut a triplé en trois ans en Chine
L’explosion récente d’une classe moyenne en Chine a créé un appel d’air. Selon l’ONG Save the Elephants, le prix de l’ivoire brut en Chine a triplé entre 2010 et 2013, pour atteindre 2.100 dollars le kilo. De quoi susciter l’inquiétude de l’organisation WWF qui estime que le temps est venu de «sécuriser l’avenir écologique de l’Afrique».
 
Selon les spécialistes, la solution consiste à interdire tout commerce d’Ivoire en Chine. Ils rappellent qu’en 1993, la Chine avait évité l’extermination des tigres en interdisant le commerce des os de tigres à qui les Chinois prêtent des vertus médicinales. La demande avait considérablement chuté.
 
Devant les dirigeants africains réunis au Forum Chine-Afrique à Johannesburg le 4 décembre 2015, le président chinois, Xi Jinping, a annoncé le financement par Pékin de divers projets de protection de la faune sur le continent. En septembre 2015, il s’était déjà engagé «à prendre des mesures significatives pour mettre fin au commerce national d’ivoire».
 
Le directeur de la branche chinoise de l’ONG International Traffic, Fei Zhou, salue un engagement historique qui maintenant doit être appliqué par l’arrêt des activités de 30 sociétés et 134 magasins qui vendent légalement de l’ivoire en Chine.
 
Sculptures en ivoire exposées à Hong Kong le 23 octobre 2015. C'est l'un des plus grands centres de commercialisation de l'ivoire de contrebande en Chine. (Photo Reuters/Bobby Yip)

La cohabitation du commerce légal et illégal de l’ivoire
Les experts rappellent que la Chine avait été autorisée en 2008 à importer 62 tonnes d’ivoire d’Afrique pour assécher le marché noir. Les conséquences de cette décision avaient été catastrophiques. La plupart des vendeurs chinois, censés avoir un certificat d’authentification, ignorent la réglementation. Résultat : le commerce légal sert de couverture au commerce illégal.
 
Pourtant, la Chine dispose d’une des législations les plus strictes en la matière. Elle prévoit pour les trafiquants d’ivoire une peine moyenne de 15 ans de prison.
 
Pour les ONG, la survie des éléphants passe aussi par la sensibilisation des centaines de milliers de Chinois qui travaillent en Afrique et dont certains contribuent à alimenter ce trafic juteux.

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