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La Chine peine à enrayer le ralentissement de son économie
La croissance chinoise ralentit. La transition vers un modèle basé sur la consommation intérieure patine. Pour enrayer la chute de ses exportations, la Banque centrale chinoise vient de dévaluer le Yuan. Ce coup de frein sur l’économie chinoise n’est pas sans conséquence sur les pays producteurs de matières premières et sur l’économie mondiale.
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La croissance de la Chine ralentit depuis quatre ans, passant de 9,2% en 2011 à 7% au premier semestre 2015. Un atterrissage attendu par les autorités après vingt cinq ans de développement à marche forcée. Cette croissance qui fait rêver les occidentaux est jugée surévaluée par certains économistes qui l’estiment plutôt entre 5% et 6% (en se basant sur la consommation énergétique du pays).
Jouer sur le taux de change
La forte appréciation du Yuan, voulue par les autorités ces dernières années, a nuit aux exportations du pays. Elles ont chuté de 8,3% en un an. La production industrielle et les investissements sont également orientés à la baisse.
Pour donner un peu d’oxygène à son économie, la Banque centrale chinoise à décidé, le 11 août 2015, de baisser le taux de change du Yuan face au dollar. Un soutien aux exportateurs chinois qui va à l’encontre de la politique du «Yuan fort» prôné par le premier ministre Li keqiang qui entend faire monter en gamme les produits chinois, encore cantonnés dans des productions à bas coût, de faibles qualités.
Rééquilibrer le modèle chinois
Pékin veut remplacer le moteur des exportations par celui de la demande interne, en favorisant la consommation par des hausses de salaires. Mais ce basculement vers un nouveau modèle économique se heurte à des problèmes structurels. La population, sans sécurité sociale ni système de retraite suffisants préfèrent épargner et spéculer en bourse plutôt que consommer.
Cette mutation vers une économie basée sur le marché intérieur, et la hausse des salaires bute également sur le manque de compétitivité des grandes entreprises d’Etat.
Les chiffres de ces derniers mois confirment une consommation en berne. Les ventes de détail sont tombées à leur plus bas niveau depuis trois ans. L’achat de voitures neuves a également reculé de 7% sur un an. De mauvais indicateurs qui inquiètent les investisseurs et les petits épargnants, comme vient de l’illustrer le dévissage de la bourse de Shanghai qui à perdu 30% de sa valeur fin juin.
Ce retournement chinois a déjà réduit la demande mondiale de matières premières. La Chine absorbe 10% de la consommation mondiale de pétrole, 45% du cuivre, du fer et des métaux industriels, 50% du soja. Si l’Europe et les Etats-Unis bénéficient pour le moment de cette baisse des prix, la situation est toute différente pour les pays producteurs de matières premières. Avec un cours du pétrole tournant autour de 50 dollars, le prix du brut à chuté de 34% depuis juin 2014. Le cuivre et l’acier de près de 20%.
Effets sur l'économie mondiale
Le Venezuela, la Colombie, ou encore le Brésil, tirés ces dernières années par la locomotive chinoise voient leurs exportations baisser dangereusement. Brasilia et Caracas sont déjà en récession. Un coup de frein plus brutal aurait des effets comparables sur l’ensemble de l’Asie et les pays émergents. Les commandes adressées à l’Europe et aux Etats-Unis finiraient aussi par être impactées.
Quand l’atelier du monde tousse, l’économie mondiale vacille. Si la direction chinoise dispose encore de quelques leviers pour agir, Pékin semble avoir épuisé sa politique de relance par l’immobilier et les infrastructures, financés par un endettement toujours plus lourd des gouvernements locaux.
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