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"Grand bond en arrière du journalisme en Chine" : Reporters sans frontières dénonce la "terreur" pour "tenir le système des médias"

Une enquête publiée mardi dénonce la censure quasi permanente des journalistes en Chine. 127 sont actuellement en prison, notamment des journalistes ouïghours.

Article rédigé par franceinfo
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Un journaliste prend en photo le drapeau chinois le 25 juin 2021. Photo d'illustation. (NOEL CELIS / AFP)

Reporters sans frontières publie mardi 7 décembre une enquête intitulée "Le grand bond en arrière du journalisme en Chine", dans laquelle l'ONG dit révéler "l'ampleur de la campagne de répression menée par le régime contre le droit à l'information", selon un communiqué. Sur franceinfo, le président de l'ONG Christophe Deloire dénonce la "terreur" qui permet de "tenir le système des médias".

Publié un an avant le 20e Congrès du Parti communiste chinois fin 2022, le document de 82 pages "examine les outils de la répression des journalistes utilisés par le régime et mesure en particulier la détérioration de la liberté de la presse à Hong Kong". Il détaille aussi "la stratégie de Pékin pour contrôler l'accès à l'information à l'intérieur et hors de ses frontières" car, selon le président de l'ONG, la Chine "est un régime qui diffuse de la propagande subreptice sur les réseaux sociaux. Ces régimes despotiques aujourd'hui à la fois censurent, interdisent et nourrissent la propagande et la dissémine absolument partout".

Au moins 127 journalistes actuellement en prison en Chine

Le rapport note notamment que les journalistes sont "contraints à devenir des porte-voix du parti" car ils doivent suivre une formation de 90 heures en partie centrée sur la "pensée de Xi Jinping" et qu'ils sont soumis à la propagande du pays. Par ailleurs, "très peu de sujets échappent désormais à la censure", allant du Tibet à #MeToo en passant par la pandémie de Covid-19. "Pour avoir une carte de presse, il y a des tests de connaissance de la pensée du président, il y a un examen de l'empreinte des journalistes sur les réseaux sociaux, donc si vous avez un peu dévié de la ligne du pouvoir, vous pouvez tout simplement être écarté", détaille le président de RSF.

Mais surtout le rapport rappelle qu'au moins 127 journalistes sont actuellement en prison en Chine "simplement parce qu'ils font leur métier", explique Christophe Deloire sur franceinfo. Plus de la moitié sont des journalistes ouïghours, membre de cette communauté musulmane discriminée en Chine. "Il y a des peines extrêmement lourdes. Il y a même eu des peines de perpétuité qui ont été prononcées contre des journalistes ouïghours, donc on imagine ce qu'est la réaction des autres journalistes quand ils voient ça. Nécessairement, cela suscite une terreur qui permet ensuite de tenir le système des médias", affirme le président de l'ONG.

Reporters sans frontières a intitulé ce rapport "le grand bond en arrière en journalisme en Chine" en référence à "cette politique économique de Mao qui était le 'grand bond en avant' qui avait été un fiasco absolu entraînant des famines à la fin des années 1950".

"Le journalisme d'investigation commençait à tester les lignes rouges en Chine. Il y avait eu un développement du journalisme d'investigation. Aujourd'hui, il a disparu au moins pour moitié sinon totalement à certains endroits."

Reporters sans frontières

"Là, c'est un grand bond en arrière parce que, sous le président Xi Jinping, par rapport à son prédécesseur Hu Jintao, on est clairement repartis dans le sens inverse de ce qu'on pouvait considérer comme le sens de l'Histoire, c'est-à-dire d'aller vers une plus grande libéralisation", continue Christophe Deloire.

Il dénonce la "persécution permanente de ceux qui essaient de diffuser les informations. L'un des exemples les plus récents est celui de la journaliste Zhang Zhan qui avait fait une centaine de vidéos sur sa chaîne YouTube au moment du début de l'épidémie de Covid-19 à Wuhan et qui s'est retrouvée condamnée à quatre ans de prison. Le procureur l'a accusée d'avoir postée une grande quantité de fausses informations mais en fait il n'y avait aucun élément contre elle".

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