De retour en Chine, les touristes étrangers confrontés à un quotidien tout numérique déstabilisant
Malgré les 40 degrés, comme tous les jours, des dizaines de milliers de touristes chinois se pressent devant l’entrée principale de la Cité interdite à Pékin. Au milieu de cette foule très dense, un tout petit groupe semble hésiter. C’est une famille de touristes portugais qui eux aussi veulent visiter le célèbre palais, mais ils n’ont pas de billets et sont un peu perdus. "On a dû demander de l’aide à la sécurité, explique Inès, étudiante. Ils nous ont dit qu’on devait utiliser WeChat. Le problème, c’est qu’en Chine, je ne peux installer aucune application sur mon téléphone, parce que j’utilise le store de Google qui ne marche pas ici. Et donc, c’est difficile d’avoir des tickets. On n’a pas pu visiter le musée pour cette raison."
Sans les applications locales Wechat ou Alipay, la vie est un cauchemar en Chine. Il est quasi-impossible de payer dans un magasin, de prendre un taxi ou encore de réserver dans un musée, comme ici à la Cité interdite. Les billets et les pièces ne sont pas toujours acceptés et les cartes bancaires internationales presque jamais. Les touristes qui n’ont pas anticipé se retrouvent bloqués dans leur séjour, parfois pour des gestes très anodins, comme le racontent Mélanie et Alexandra, deux touristes françaises : "Même pour le papier toilette, dans un marché à Pékin, on s'est aperçu qu'il y avait un boîtier dehors, qu'il fallait scanner un QR code. On n'a jamais su comment ça fonctionnait. Les QR code, il y en a partout. C'est un choc de culture."
En plus des difficultés pour payer, il y a aussi le blocage de certains sites occidentaux en Chine : Google, Facebook ou encore WhatsApp ne sont pas accessibles. "C’est frustrant, explique Thomas, jeune touriste Canadien. C’est un très beau pays, les villes sont très impressionnantes, mais nous passons de très mauvais moments à essayer de nous familiariser avec leur environnement numérique unique au monde. Je n’arrive toujours pas à m’habituer et ce ne sera probablement jamais le cas." Sa compagne Mady va dans le même sens : "À chaque fois qu’on veut payer pour quelque chose, on doit utiliser WeChat. À chaque fois, on perd beaucoup de temps, rien n’est en anglais. C’est assez dérangeant."
Lionel, touriste Français originaire de Strasbourg, a lui aussi beaucoup de mal à faire face : "Tout est compliqué : retirer de l'argent, changer du cash. Au restaurant, ils ne prennent la carte de crédit nulle part. À Shanghai, c'était compliqué, à Pékin, c'est encore plus compliqué. Tous les jours, c'est une épreuve et j'en ai un petit peu marre. Je fatigue."
Le gouvernement chinois veut faciliter la vie des touristes étrangers
Conscientes de ces difficultés, les autorités chinoises tentent de venir en aide aux touristes étrangers. Pour s’en rendre compte, on quitte Pékin pour Xi’an, autre centre touristique majeur en Chine, connu pour sa célèbre Armée des soldats enterrés. La municipalité de Xi’an a lancé une expérimentation dans un petit quartier commercial fréquenté par les touristes. Sur place, on rencontre un Britannique dans un restaurant qui est en train de payer son repas avec sa carte Visa. L'une des serveuses explique : "La municipalité de Xi'an a ordonné à des entreprises comme la nôtre et autres restaurants du quartier de s’équiper de terminaux pour les cartes bancaires étrangères. C’est pour permettre aux touristes de dépenser plus facilement. Avant ils devaient payer en liquide."
La gérante de l'hôtel situé juste à côté confirme : "Vous voyez, il y a à chaque fois, un petit panneau qui indique la carte visa ou bien Mastercard. Les autorités encouragent cette évolution, car il y a de plus en plus d'étrangers qui viennent visiter Xi’an.
"Les touristes viennent manger dans les restaurants et comme nous savons que certains ne peuvent pas utiliser WeChat ou Alipay, nous mettons en place ce type de paiement dans tout le quartier."
une gérante de restaurant à Xi'anà franceinfo
Des mesures ont été prises aussi à l’échelle nationale : il est désormais possible d’ajouter sa carte bancaire étrangère dans les applications Alipay et Wechat pour pouvoir ainsi payer avec les fameux QR code.
Et si certains vacanciers ont du mal à s’adapter, d’autres trouvent ce fonctionnement finalement pas si compliqué. Il faut juste bien se préparer avant son séjour en Chine, estime Christophe retraité suisse qui repart chez lui content après ses premières vacances chinoises : "On voyage ici dans un pays 100% numérique. Si on ne s'est pas préparé à ça, il faut rester chez soi. Il faut vivre comme les gens ici. À la fin, ça fonctionne vraiment bien et les gens sont tellement aimables."
Anticiper, pour éviter de se retrouver comme Julien, jeune touriste Français qui a dû marcher dix kilomètres sur des routes de montagne. Sans réseau 4G, il n’a pas pu faire fonctionner ses applications chinoises, pour acheter un simple ticket de bus. Des mésaventures qui ne découragent pas les visiteurs étrangers. Entre janvier et avril 2024, 100 000 touristes français ont par exemple visité la Chine. Comme plusieurs pays européens mais aussi asiatiques, les Français bénéficient d'une mesure d'exemption de visa pour les séjours de moins de 14 jours.
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