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Chine: désormais, les routes arrivent partout

Le dernier canton de la Chine qui restait inaccessible aux véhicules motorisés ne l'est plus depuis l'inauguration, le 31 octobre 2013, d'une route d'altitude au Tibet, comme l'a annoncé la presse officielle.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Sommets tibétains enneigés (15 septembre 2013). (AFP - Xinhua - Purbu Zhaxi)

Officiellement, le canton de Medog (sud-ouest du Tibet), territoire encaissé dans le massif himalayen, est le dernier des 1600 cantons du pays à se trouver ainsi désenclavé, a annoncé le site du journal en anglais China Daily. Il est situé à la frontière indienne, dans une région où seuls des sentiers de montagne relient villes et villages.

Désormais, une route de 117 km, qui sera dans un premier temps accessible huit mois dans l’année, permet de se rendre à Medog en empruntant un tunnel long de 3,3 km. Le trajet prend moins de quatre minutes. Coût des travaux, qui ont duré quatre ans : 950 millions de yuans (114 millions d’euros).

Selon la Radio nationale chinoise (CNR), la construction de cette route a débuté dans les années 70. Sept tentatives précédentes avaient échoué en raison de la topographie, de problèmes de financement et du manque de matériel spécialisé.

En 1994, une voie de terre avait été creusée le long de la montagne, au bord d’un précipice. Mais on pouvait uniquement l’emprunter de juillet à septembre, et de nombreux accidents y ont été dénombrés. Le reste du temps, les 19.000 habitants du canton devaient entreprendre une marche dangereuse, longue de quatre heures, en passant par deux sommets, le Galung La et le Doxong La, hauts de plus de 4000 mètres, souvent couverts de neige. Facteur aggravant : la région est fréquemment touchée par des avalanches, des glissements de terrain et des coulées de boue.
 
Malgré la construction de la nouvelle route, les autres voies d'accès au canton continueront à être entretenues en raison de la sismicité de la zone (on y enregistre plus de 400 secousses par an), a précisé la CNR.

L’isolement du canton compliquait considérablement la vie des habitants, rapporte le China Daily, notamment pour tout ce qui touchait à l’éducation et à la santé. Pour leur approvisionnement, ils dépendaient de transports à dos d'animal. Résultat : les prix des denrées y étaient beaucoup plus élevés qu’à Lhassa, capitale du Tibet. Un kilo de concombre ou de poivre vert y coûtait ainsi cinq fois plus cher, une bière deux fois plus.

La plus haute ligne ferroviaire du monde, qui relie Pékin à Lhassa (4064 km). Elle culmine à 5068 m au-dessus du niveau de la mer. Près de 25 % de la voie a été construite à plus de 4000 m d'altitude.. (AFP - Imaginechina - Lang Shuchen)

La Chine a entrepris ces dernières années de grands travaux d'infrastructures au Tibet, région autonome traditionnellement pauvre et isolée. Pour ses détracteurs, les nouveaux équipements de transport, aéroports, routes et chemin de fer, ont encouragé l'arrivée d'un flux accru de Hans, ethnie majoritaire en Chine. Ainsi qu’une consolidation du contrôle politique opéré par Pékin.

Pour les autorités chinoises, ces infrastructures ont contribué à améliorer considérablement le niveau de vie des Tibétains.

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