Ce que l'on sait de la hausse des cas de maladies respiratoires en Chine, qui inquiète l'OMS
L'Organisation mondiale de la santé s'est inquiétée, mercredi 22 novembre, dans un communiqué, d'une hausse récente des cas de maladies respiratoires en Chine. L'agence sanitaire de l'ONU appelle ainsi la population à davantage se protéger. Ces annonces interviennent près de quatre ans après l'apparition, en Chine, d'une "pneumonie virale" qui allait entraîner la pandémie de Covid-19. L'OMS avait été alors critiquée pour un manque supposé de réactivité. Cette fois, l'agence onusienne "a adressé une demande officielle à la Chine pour obtenir des informations détaillées". En réponse, la Chine dit n'avoir détecté aucun pathogène nouveau ou inhabituel lié à l'augmentation des cas de maladies pulmonaires dans le nord du pays. Voici ce que l'on sait, à ce stade, de ces cas.
Ces infections sont dues à la bactérie mycoplasma pneumaniae
Selon le communiqué de l'OMS, une augmentation des cas de maladies de type grippal a été observée dans le nord de la Chine depuis mi-octobre, en comparaison avec les trois dernières années. Le journal chinois Global Times faisait état, le 12 octobre, d'une hausse des infections provoquées par la bactérie mycoplasma pneumoniae, une situation recensée dans plusieurs hôpitaux à travers le pays. Ce pic d'infections intervient plus tôt que prévu et semble toucher davantage les enfants les plus jeunes, précise le journal.
Comme le rappelle l'OMS, la bactérie mycoplasma pneumoniae entraîne des infections assez courantes touchant avant tout les enfants. Les symptômes les plus communs sont un mal de gorge, de la toux et de la fièvre, ainsi qu'un mal de tête, énumèrent les Centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC). La bactérie peut toutefois provoquer des infections pulmonaires plus graves.
Lors d'une conférence de presse le 13 novembre, les autorités sanitaires chinoises ont fait état de cette incidence en hausse des maladies respiratoires en Chine. D'après elles, la circulation de plusieurs virus, dont la grippe et le Sars-CoV-2, contribue aussi à cette montée des cas, en parallèle de la levée de mesures de restrictions liées au Covid-19.
Les hôpitaux se retrouvent "submergés d'enfants malades"
Mardi, le programme de surveillance mondial des maladies ProMed, de la Société internationale pour les maladies infectieuses, a rapporté que des hôpitaux pour enfants à Pékin, mais aussi dans la province du Liaoning, dans le nord-est de la Chine, et à d'autres endroits "étaient submergés d'enfants malades, et des écoles étaient sur le point d'être fermées". Le programme évoque "une épidémie de pneumonie" avec des enfants ayant de la fièvre et présentant des nodules pulmonaires.
Selon des journalistes de l'AFP, une foule de parents et d'enfants se trouvaient ainsi à l'hôpital de l'Institut de pédiatrie de Pékin jeudi. "Ma fille a une pneumonie. On ne l'envoie plus à l'école maternelle pour l'instant", a raconté un père de famille. "Beaucoup de ses camarades de classe sont malades de ça en ce moment." "Il est vrai que beaucoup d'enfants de son âge sont touchés en ce moment", a témoigné une mère de 42 ans.
Dans la province du Liaoning, la situation est également "préoccupante", rapporte ProMed. A l'hôpital pour enfants de Dalian, de nombreux jeunes patients reçoivent des perfusions. "Les patients doivent faire la queue pendant deux heures et nous sommes tous dans le département des urgences", décrit aussi un membre du personnel, cité par ProMed.
Cela pourrait avoir un lien avec la fin de la politique "Zéro Covid"
ProMed rappelle que depuis la fin de la politique "Zéro Covid" en Chine, il y a un peu moins d'un an, "des épidémies telles que la grippe, les [infections liées aux] mycoplasmes et la broncho-pneumonie sont apparues de temps à autre". "Il est possible que la Chine connaisse une hausse des infections respiratoires, comme d'autres pays lors de leur premier hiver après le confinement", souligne Krutika Kuppalli, médecin spécialiste des maladies infectieuses travaillant pour l'OMS, sur le réseau social X.
"Peut-être y a-t-il un phénomène de rattrapage, ce qu'on a appelé la dette immunitaire. C'est une hypothèse", analyse le virologue Bruno Lina dans Le Parisien. L'épidémiologiste Antoine Flahault, également interrogé par le quotidien, évoque une possible "dette d'exposition", un "réservoir important de jeunes qui n'avaient pas été exposés depuis près de quatre ans à bon nombre de pathogènes hivernaux".
Une autre explication possible, avancée par des experts interrogés par Fortune, est le fait qu'une infection au Covid-19 ait pu rendre des personnes plus vulnérables à d'autres infections respiratoires. Enfin, plusieurs spécialistes jugent l'hypothèse d'un nouvel agent pathogène moins probable – à ce stade en tout cas. "S'il s'agissait d'un nouvel agent pathogène, il apparaîtrait à la fois chez des enfants et des adultes", souligne Michael Osterholm, de l'université du Minnesota (Etats-Unis), dans Fortune.
L'OMS attend des informations supplémentaires de la Chine
Mercredi, l'Organisation mondiale de la santé a demandé à la Chine de nouvelles informations "épidémiologiques et cliniques" pour mieux comprendre cette hausse d'infections respiratoires et son impact sur le système de soins. L'agence de l'ONU espère pouvoir consulter les résultats de laboratoires des zones où de nombreux enfants sont touchés, et souhaite avoir plus d'éléments sur la circulation de virus ou de la bactérie mycoplasma pneumoniae en Chine.
L'organisation avait reproché aux autorités chinoises leur manque de transparence lors de l'enquête sur les origines de la pandémie de Covid-19. Le Parisien rappelle aussi qu'en 2003, des cas de mycoplasma pneumoniae avaient été évoqués au début de l'épidémie de Sras en Chine. Dans l'attente de nouveaux éléments, l'OMS conseille à la population chinoise de se faire vacciner, de porter le masque si nécessaire, de rester chez soi en cas d'infection et de respecter les gestes barrières.
La Chine ne rapporte aucun "pathogène nouveau ou inhabituel" lié à des maladies respiratoires
La Chine dit n'avoir détecté aucun pathogène nouveau ou inhabituel lié à l'augmentation des cas de maladies pulmonaires dans le nord du pays, a déclaré jeudi l'Organisation mondiale de la santé, après avoir demandé des informations détaillées à Pékin.
"Les autorités chinoises ont indiqué qu'aucun pathogène nouveau ou inhabituel n'avait été détecté, pas plus que des signes cliniques inhabituels, y compris à Pékin et Liaoning, mais seulement la hausse générale du nombre de cas de maladies respiratoires dues à des pathogènes connus", a déclaré l'OMS dans un communiqué.
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