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Affaire Peng Shuai : "Dans quelle mesure on peut aider dans des situations comme ça ?", s'interroge une ancienne joueuse de tennis

"Nous, ses collègues, on ne peut rien faire pour elle, on a un sentiment d'impuissance face à cette situation", a regretté sur franceinfo l'ancienne joueuse de tennis Camille Pin.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Peng Shuai sert la balle lors d'une séance d'entraînement avant l'Open d'Australie de tennis, à Melbourne, le 13 janvier 2019. (WILLIAM WEST / AFP)

Quelques heures après la publication d'une interview lundi 7 février par le journal L'Equipe de la championne chinoise de tennis Peng Shuai, Camille Pin, son ancienne collègue sur le circuit féminin, a regretté sur franceinfo le "déni" dans lequel se trouve la Chinoise, qui n'a "pas le choix". Début novembre, sur un réseau social chinois, Peng Shuai avait accusé de viol un ancien cadre du Parti communiste, avant de rapidement retirer son message. Peng Shuai avait disparu pendant plusieurs mois.

franceinfo : Qu'avez-vous pensé quand vous avez lu cette interview de Peng Shuai dans l'Equipe ?

Camille Pin : Je pense que je ne suis pas la seule à ressentir cela, concrètement, quand elle dit 'tout le monde s'est inquiété pour rien, non, je n'ai jamais rien dit ni accusé', en fait, on se dit que c'est triste que l'histoire se termine comme ça. Bien sûr, on s'est tous inquiétés parce qu'il y avait une raison de l'être. Cette espèce de déni, elle est obligée d'être là-dedans, parce qu'elle n'a pas le choix et ça nous attriste parce qu'on ne peut rien faire de plus. Nous, ses collègues, on ne peut rien faire pour elle, on a un sentiment d'impuissance face à cette situation.

Est-ce que vous êtes rassurée de la voir en photo à la une de L'Equipe ?

On était rassurés déjà de l'avoir vue physiquement lors d'un entretien, on s'est dit 'ok sa vie n'est pas en danger parce qu'elle est là, présente, même si ses mots étaient contraints'. En revanche cette interview ne nous apprend rien de plus.

"Je suis ravie que l'Equipe, qui est quand même une institution française, un pilier, ait pu la rencontrer, mais sur les conditions de vie de Peng Shuai, cette interview ne nous rassure pas."

Camille Pin, ancienne joueuse de tennis

à franceinfo

Vous parlez de l'impuissance que vous ressentez, mais la mobilisation de la fédération internationale du tennis féminin, la WTA, qui a annulé ses tournois en Chine, la mobilisation des athlètes, ça a été utile ?

C'est vrai qu'on a été agréablement surpris qu'il y ait une telle union derrière cette histoire. C'est une femme, d'un pays qu'on connaît peu et finalement, il y a eu une énorme mobilisation, donc ça a été très important pour nous. Après, dans quelle mesure on peut aider dans des situations comme ça, même si on est unis dans le sport ? Ce qui aurait été vraiment très important pour la WTA, c'est qu'elle ait pu discuter en direct avec Peng Shuai, même si elle évoque des emails. S'il n'y avait pas eu de problème, elle aurait pu plus échanger davantage avec la WTA, mais c'est vrai que la réaction de notre association [la WTA] a été très forte. Je pense également que le Covid-19 a permis à la WTA de créer d'autres tournois en dehors de Chine alors qu'ils étaient en train de vraiment s'implanter dans le pays. La WTA avait donc déjà une porte de sortie pour enfin dire "ok, dans cette situation, on tape du poing sur la table, nous ça ne nous convient pas la manière dont ça se passe". Ce qui est dommage c'est que Peng Shuai n'ait pas pu avoir plus de contact, que ce soit uniquement passé par le CIO et non la WTA qui est son association première en tant que joueuse de tennis depuis 20 ans. Il y a un malaise entre la WTA et le CIO qui laisse un goût amer.

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