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Affaire Peng Shuai : la joueuse évoque "un énorme malentendu", dans une interview au journal "L'Équipe"

La joueuse de tennis chinoise a accordé une interview très encadré au journal "L'Équipe", trois mois après sa disparition après avoir accusé de viol un ancien dirigeant chinois.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La joueuse de tennis chinoise Peng Shuai le 3 juillet 2018, lors du tournoi de Wimbledon (Angleterre). (OLI SCARFF / AFP)

La tenniswoman chinoise Peng Shuai, disparue depuis début novembre après avoir accusé un ancien dirigeant chinois de l’avoir contrainte à un rapport sexuel, a évoqué "un énorme malentendu" dimanche 6 février, dans un entretien accordé au journal L'Équipe. Le quotidien sportif pu rencontrer la joueuse en marge des Jeux olympiques de Pékin. Peng Shuai a reçu les journalistes du quotidien dans une suite du 16e étage de l'hôtel où le comité olympique chinois a établi ses locaux.

"Agression sexuelle ? Je n'ai jamais dit que quiconque m'avait fait subir une quelconque agression sexuelle", a-t-elle déclaré dans cette interview publiée sur le site du quotidien sportif. "Je n'ai jamais disparu, tout le monde a pu me voir", ajoute la tenniswoman, expliquant qu'elle ne "[pensait] pas qu'il y aurait une telle inquiétude"

Pour cet entretien très encadré, Peng Shuai était "accompagnée d'un membre du Comité olympique chinois, d'une autre chinoise dont on ne connaît pas exactement le rôle mais qui parlait français", a expliqué sur franceinfo Jérôme Cazadieu, le directeur de la rédaction l'Equipe.

Certaines questions avaient été envoyées avant l'interview. "On est allés au-delà des questions adressées et elle a répondu à toutes les questions dans un contexte très particulier puisqu'elle n'est pas libre de sa parole, ni de ses mouvements", a insisté Jérôme Cazadieu. "Le but de cet entretien c'était de la rencontrer, de manifester le fait qu'on ne l'avait pas oubliée, de voir dans quel état elle était."

"Mes problèmes sentimentaux, ma vie privée, ne doivent pas être mêlés au sport et à la politique."

Peng Shuai

à "L'Equipe"

Le 2 novembre 2021, sur ses réseaux sociaux, la joueuse de tennis, qui fut pendant un moment numéro 1 mondiale en double, avait accusé de viol Zhang Gaoli, ancien vice-Premier ministre et ancien membre du Comité permanent du bureau politique du Parti communiste chinois. Son message avait rapidement été supprimé. Après ses accusations, il avait fallu deux semaines pour la voir reparaître en photo, puis en vidéo avec Thomas Bach, patron du CIO.

"Un ton monocorde, sans émotion, presque robotique"

"Je suis toujours restée en contact étroit avec mes amis proches", assure aujourd'hui la joueuse à L'Equipe"Je n'ai jamais disparu. Simplement, beaucoup de gens, comme mes amis y compris du CIO, m'ont envoyé des messages, et il était tout à fait impossible de répondre à tant de messages", a-t-elle ajouté. "C'est pourquoi je ne sais pas pourquoi l'information selon laquelle j'avais disparu s'est répandue." Interrogé sur cet épisode par les journalistes de l'Equipe, elle répond "sur un ton monocorde, sans émotion, presque robotique", a expliqué Jérôme Cazadieu. Elle dit que c'est elle qui a effacé ce message, "parce que j'en avais envie", justifie-t-elle tout simplement.

A la question de savoir si elle a eu des problèmes avec les autorités chinoises après son post accusateur, Peng Shuai répond que "les sentiments, le sport et la politique sont trois choses bien distinctes". Selon elle, il ne faut pas mêler sport et politique. "Le sport ne doit pas être politisé car, lorsque c'est le cas, cela revient la plupart du temps à tourner le dos à l'esprit olympique et cela va à l'encontre de la volonté du monde du sport et des sportifs." 

"Limitée" dans son expression "orale et physique"

Pour le directeur de la rédaction de l'équipe, "il faut essayer d'aller au-delà des réponses qu'elle donne sur cette affaire et essayer de voir dans l'interstice la réalité. La réalité c'est que c'est quelqu'un qui a l'air d'aller à peu près mais qui est totalement limitée dans son expression orale et physique."

Le 27 janvier dernier, le président du Comité international olympique (CIO) Thomas Bach avait annoncé qu'il allait rencontrer la joueuse durant les Jeux d'hiver de Pékin qui ont débuté ce samedi, sans donner de date précise. Dans une déclaration à l'AFP, un porte-parole du CIO avait indiqué avoir été en contact avec elle à plusieurs reprises en janvier.

Peng Shuai explique aujourd'hui à L'Equipe que sa vie "est comme elle doit être : rien de spécial..." Evoquant la suite de sa carrière, la tenniswoman assure qu'elle "[serait] éternellement une joueuse de tennis professionnel", même si elle ne joue "pas ces derniers temps". Elle annonce, en creux, qu'elle arrête sa carrière professionnelle. "Ce sera très difficile de retrouver mon niveau sur le plan physique", a-t-elle plaidé, évoquant des difficultés à un genou. "Ma participation à de grandes compétitions était déjà fortement revue à la baisse" avant la pandémie de Covid-19, explique-t-elle.

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