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Disparition de Peng Shuai : quatre choses à savoir sur la championne de tennis qui dérange Pékin

Disparue depuis début novembre et la révélation d'un rapport sexuel forcé avec un puissant ex-responsable du Parti communiste, la joueuse chinoise, star dans son pays, incommode le régime. 

Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
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La joueuse de tennis chinoise Peng Shuai est portée disparue depuis le début du mois de novembre.  (STR / AFP)

Depuis ces dernières heures, c'est une vague mondiale de soutien qui déferle sur les réseaux sociaux et dans les médias afin de tenter d'avoir des nouvelles rassurantes de Peng Shuai. La disparition de la joueuse de 35 ans, introuvable depuis le 2 novembre dernier après la révélation d'un scandale sexuel impliquant un ex-dirigeant du régime chinois, suscite de nombreuses réactions jusqu'aux plus hautes sphères politiques.

Les menaces de boycott des Jeux d'hiver, qui doivent se tenir à Pékin du 4 au 20 février prochain, n'ont jamais semblé si réelles, tout comme celles du monde du tennis de mettre au ban un État tout entier. Mais qui est donc cette championne, star reconnue dans son pays, autour de laquelle gravite toutes les interrogations ?

Anomalie cardiaque et départ aux États-Unis

Née en 1986 à Xiangtan, dans la province du Hunan (centre), au sein d'une famille dont le père est policier, Peng Shuai est mise au tennis à l'âge de 8 ans par son oncle Zhang Fan, un ancien entraîneur. À 12 ans, malgré les craintes de sa famille, elle insiste pour subir une opération afin de corriger une anomalie cardiaque "parce que j'aime tant le tennis", se justifiera plus tard la joueuse. Les médecins lui donnent peu de chances de rejouer, mais Peng Shuai s'accroche et fera de sa résilience, une de ses forces sur le court.

Trois années plus tard, elle poursuit une formation seule aux États-Unis, équipée d'un simple appareil de traduction électronique, avant de poser ses valises à 18 ans dans une académie de Floride à Delray Beach, du jamais vu jusqu'alors pour une joueuse chinoise.

Des titres majeurs qui la propulsent au rang de star dans son pays

En remportant le double à Wimbledon en 2013, puis Roland-Garros l'année suivante avec la Taïwanaise Hsieh Su-wei, Peng Shuai devient une star dans son pays. En 2014 également, elle reste numéro une mondiale du double pendant 20 semaines et atteint le zénith de sa carrière en simple en atteignant la demi-finale lors de l'US Open, où elle sera contrainte à l'abandon face à la Danoise Caroline Wozniacki, exténuée et évacuée sur une chaise roulante.

Hsieh Su-Wei et Peng Shuai lors de la cérémonie de remise de trophées à Wimbledon, le 6 juillet 2013, après leur victoire en double. (GLYN KIRK / AFP)

Au total, elle remporte dans sa carrière vingt-trois titres WTA en double et deux en simple, pour une 14e place mondiale à son meilleur, empochant près de 10 millions de dollars de prize-money. À 35 ans, Peng Shuai est désormais classée 192e joueuse planétaire mais n'a plus joué un match sur le circuit professionnel depuis le 7 mars 2020. Une rencontre de Fed Cup où elle représentait... son pays, la Chine.

Six mois de suspension pour "intimidation et tentative de corruption"

En 2018, elle écope de six mois de suspension et de 10 000 dollars d'amende pour avoir essayé d'acheter sa partenaire du double, Alison Van Uytvanck, afin qu'elle se retire du tournoi de Wimbledon pour que Peng puisse disputer le Majeur londonien avec Sania Mirza. Les inscriptions closes, la Chinoise avait voulu changer de coéquipière pour la quinzaine mais sans succès. En déclarant forfait, la Belge aurait permis à l'Indienne d'intégrer le tableau principal en compagnie de Peng Shuai. 

Peng Shuai est accusée d'avoir eu recours "à l'intimidation et à une tentative de corruption" envers sa partenaire. Les deux femmes rejoueront pourtant ensemble par la suite en double.

Révélation d'un scandale sexuel qui fait trembler le régime

Le 2 novembre 2021, Peng Shuai accuse sur le réseau social Weibo (l'équivalent chinois de Twitter) un ancien vice-Premier ministre, Zhang Gaoli, de lui avoir imposé un rapport sexuel trois ans plus tôt. Elle précise qu'elle est ensuite devenue la maîtresse de l'ex-dirigeant, jusqu'à une dispute quelques jours plus tôt.

Le message a été censuré quelques minutes après avoir été diffusé, le temps toutefois pour des milliers de Chinois d'en prendre connaissance et d'en faire circuler des captures d'écran, promptement censurées à leur tour.

Depuis ces accusations, on reste sans nouvelles de la championne, au point de susciter l'inquiétude de nombreuses stars du tennis mondial, de la doyenne Chris Evert au numéro un, Novak Djokovic, en passant par Naomi Osaka. Un média officiel chinois a diffusé, mercredi dernier sur Twitter, un message attribué à la joueuse, dans lequel elle affirme que ses accusations contre Zhang Gaoli "sont fausses".

>> Chine : quatre questions sur la disparition de la joueuse de tennis Peng Shuai qui accuse un ex-dirigeant de viol

Steve Simon, le patron de la WTA, l'association qui gère le circuit professionnel féminin de tennis, a dit douter de l'authenticité de ce message et demandé à Pékin "une preuve indépendante et vérifiable" que Peng Shuai est en sécurité. Une demande développée également par les États-Unis, la France ou encore l'ONU.  Samedi 20 novembre, des clichés montrant une Peng Shuai souriante ont fait leur apparition sur les réseaux sociaux, sans que l'authenticité de ceux-ci n'ait pu être vérifiée. Puis, c'est une vidéo qui a également fait son apparition, sans que son authenticité ne puisse être vérifiée, ni même le moment où elle a été filmée.

Le pouvoir chinois multiplie les tentatives pour faire baisser la pression internationale autour d'une joueuse qui l'encombre de plus en plus.

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