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Ces crises qui ont failli détruire le monde

Depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, les relations entre les deux géants américain et russe sont parfois particulièrement tendues. Il en va de la géopolitique, chacun soutient ses alliés. Jusqu’où peut-on aller trop loin?, serions-nous tentés de dire. Jusqu’à présent, le point de rupture n’a pas été atteint. Retour sur quelques crises majeures du XXe siècle.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
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Explosion nucléaire dans l'atoll de Mururoa en 1971 (AFP PHOTO)

Corée: l’entrée dans la Guerre froide
Le monde sort à peine de la guerre. La conférence de Yalta en février 1945 dessine les nouvelles frontières. La Corée se voit reconnaître son indépendance. Mais les occupants japonais se rendent à deux blocs différents: aux Soviétiques au nord du 38e parallèle et aux Américains au sud de cette ligne artificielle qui coupe la péninsule coréenne en deux.

Dès lors, les deux parties vont servir les intérêts de leur mentor. La partie nord devient la République populaire de Corée et au sud, la République de Corée prend Séoul comme capitale.
 
Cela aurait pu en rester là. Mais les incidents de frontière se multiplient et en juin 1950, les troupes de Pyongyang envahissent le sud et prennent Séoul. Les USA obtiennent de la toute jeune ONU la création d’une force internationale. Les Américains débarquent, pénètrent en Corée du Nord jusqu’à la frontière chinoise.
 
Soviétiques et Chinois s’en mêlent. Leur contre-offensive victorieuse laisse planer la menace d’un élargissement du conflit. Et pourquoi pas de l’usage de la bombe nucléaire? Finalement, les Etats-Unis prennent conscience du risque. Ils remplacent MacArtur, leur général en chef viscéralement anti-communiste qui voulait porter la guerre jusqu’en Chine. L’heure est aux négociations. Elles aboutiront à un cessez-le-feu et un simple armistice toujours en vigueur aujourd’hui.
 
Budapest, Berlin: le rideau de fer est tombé
Pour les Hongrois, les Berlinois et plus tard les Tchèques, la bipolarité du monde va clairement devenir une évidence. On ne peut pas sortir du camp où l’on est, même si vous ne l’avez pas choisi. Pire même, il ne faut attendre aucune aide du camp d’en face, quand vous voulez vous défaire du carcan qui vous oppresse.

Le 23 octobre 1956, les Hongrois en font l’amère expérience. Leur soif de démocratie et leur rêve de nouveau régime est brusquement stoppé par Moscou. Les chars de l’Armée Rouge entrent dans Budapest. L’appel à l’aide aux Occidentaux ne trouve aucun écho, malgré les anciennes promesses, voire les incitations au soulèvement venues de l’Ouest.
 
Respecter la sphère d’influence de chacun est un thème récurent. Lorsque la crise atteint des sommets, semble sur le point de déboucher sur un embrasement général, le challenger finalement jette l’éponge.

«Ich bin ein Berliner» («Je suis un Berlinois») est réduit à déclarer John F.Kennedy le 27 juin 1963, au pied du mur qui divise désormais la ville de Berlin en deux. Paroles de soutien, certes, mais paroles d’impuissance aussi. Là encore, rien ne peut s’opposer au diktat du camp soviétique. Dans une période de vive tension entre l’Est et l’Ouest, Washington ne veut pas jeter d’huile sur le feu.
 
Cuba: la crise des crises
S’il faut retenir une crise, celle de l’installation des fusées intercontinentales soviétiques sur l’île de Cuba marque le paroxysme de la Guerre froide. C’est un lieu commun de dire que le monde est passé à deux doigts de la guerre nucléaire.
 
Là encore, tous les éléments du message va-t-en-guerre ont été réunis. A la provocation manifeste de Moscou, qui installe des fusées nucléaires chez son allié castriste, répond la dramatisation américaine. Dans un discours alarmiste à la télévision, Kennedy annonce le blocus de l’île de Cuba et la mise en alerte de l’armée qui doit «se préparer à toute éventualité».
 

Pourtant Kennedy n’a pas l’intention de frapper Cuba. Il résistera aux sirènes militaires qui l’incitent à attaquer. Le numéro un soviétique, Nikita Khrouchtchev, qui a pourtant œuvré à l’installation des fusées n’entend pas non plus lancer le feu nucléaire. «Il pouvait y avoir une contre-attaque, potentiellement dévastatrice. Après tout, qu'aurions-nous gagné? Des millions de gens seraient morts, dans notre pays aussi. Est-ce qu'on peut envisager une chose pareille?», aurait-il déclaré peu de temps après la crise au dirigeant tchécoslovaque Antonin Novotny.
 
L’épilogue est certes flatteur (trop?) pour les Soviétiques. Mais cela illustre le fait que les coups de menton font partie du jeu diplomatique. 

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