Au Québec, un festival au fond des bois où se dénichent les nouveaux talents
Dans un secteur touché par la crise, les professionnels du secteur des festivals se retrouvent dans la ville de Rouyn-Noranda, au Québec, pour repérer à l’occasion du Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue les jeunes artistes qui se produiront l’année prochaine en France.
Alors que la saison des grands festivals s’achève en France, la programmation des événements de 2023 se joue dès maintenant. Dans un secteur touché par la crise, entre inflation et pénurie de main-d’œuvre, il faut de plus en plus faire preuve d’inventivité. Alors, en ce début du mois de septembre, la plupart des représentants du secteur se trouve dans un coin très reculé du Québec, au Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue, dans la ville de Rouyn-Noranda, où ils viennent découvrir de jeunes artistes qui franchiront bientôt l’Atlantique.
Du traditionnel et du complètement barré
A plus de 600 kilomètres de Montréal et dix heures de bus au milieu des lacs et des forêts, l’Abitibi se mérite. Mais depuis vingt ans, Rouyn-Noranda se transforme pendant quatre jours à la fin de l’été. Sur la grande scène, dans un théâtre, un sous-sol, dans les bars, partout des concerts : on passe du traditionnel au complètement barré, et c’est comme cela depuis que Sandy Boutin, originaire de la ville, a créé le FME.
"On n'est pas un festival de têtes d'affiche, on est vraiment un festival de découvertes : c'est ce qui sera la culture québécoise du moment."
Sandy Boutinà franceinfo
Et justement dans la foule, se trouve le directeur du plus gros festival français, Les Vieilles Charrues : "Il y a beaucoup de pépites qu'on a accueillies aux Charrues qui ont été découvertes ici, au FME, indique ainsi Jérôme Tréhorel. On a tous vécu à peu près les mêmes incidences du fait de la crise sanitaire, de la reprise économique mondiale qui a été compliquée, ou encore l'impact de l'Ukraine. Mais c'est intéressant d'avoir justement les différents points de vue, et les différentes lectures de l'avenir." "Ça m'est même arrivé de découvrir des groupes français ici", s'amuse le programmateur Kem Lalot, un inconditionnel du FME.
"Quand j'ai un coup de cœur, je vais voir directement le groupe et je leur demande quand ils viendront en Europe. Et quand c'est un énorme coup de cœur, je fais une offre directe, charge aux artistes de trouver des dates autour."
Kem Lalot, programmateurà franceinfo
L’industrie musicale française plébiscite encore plus les artistes québécois. Clarisse Arnou dirige le label indépendant Yotanka, entre autres. "On a un peu les mêmes approches du marché des profils d'artistes qui sont quand même assez compatibles, souligne-t-elle. Il y a aussi un élément qui est quand même déterminant, c'est que le Québec soutient beaucoup ces groupes dans s'exporter. Cela rend les choses possibles, surtout dans un contexte économique qui est quand même compliqué."
Devant la star québécoise Lisa LeBlanc, qui joue au bord d’une piscine, Sandy Boutin insiste : comme en France, ici la pandémie a suscité une crise des vocations dans la culture. "Le taux de chômage au Québec ici est très bas, c'est quasiment le plein emploi ! Cela permet de convaincre les gens car dans le milieu culturel, souvent, les rémunérations sont peut-être un peu moins élevées..." Des deux côtés de l’Atlantique, un même constat, donc, et la même volonté artistique : découvrir de nouvelles têtes.
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